Le tribunal de Dakar a renvoyé au 27 juin le procès des parlementaires Déthié Fall et Mame Diarra Fame, et de neuf autres prévenus. Le juge a expliqué vouloir regrouper ce jour-là leurs dossiers avec ceux de 75 autres personnes appelées à être jugées en relation avec la manifestation interdite du 17 juin.
Les 11 prévenus de mercredi sont maintenus en détention, a expliqué à l'AFP un de leurs avocats, Me Bamba Cissé. L'opposition chiffre à 200 le nombre de personnes interpellées à travers le pays en lien avec l'interdiction de manifestation. Elle exige leur libération.
Lire aussi : L'opposition sénégalaise appelle à des concerts de casserolesLes tensions vont grandissant au Sénégal depuis que le Conseil constitutionnel a confirmé l'invalidation le 3 juin de la liste nationale des titulaires de la coalition Yewwi Askan wi pour les législatives du 31 juillet. Le principal opposant, Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et candidat déclaré à celle de 2024, et d'autres figures de l'opposition se retrouvent écartés de la course.
L'opposition réclame le rétablissement de la liste et a menacé d'empêcher la tenue des élections. Elle avait appelé à manifester le 17 juin, mais les autorités avaient interdit les rassemblements en invoquant les risques de troubles. Dakar et la Casamance (sud) ont été ce jour-là le théâtre de heurts qui ont fait trois morts, selon l'opposition.
Onze organisations de la société civile ont invité le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit de réunion pacifique et d'association, M. Clément Nyaletsossi Voule, "à agir et organiser une mission au Sénégal pour mettre fin aux graves atteintes au droit de réunion pacifique", dans une lettre publiée mercredi.
Ces ONG, dont Afrikajom Center du défenseur des droits humains Alioune Tine et Amnesty Sénégal, citent la manifestation interdite du 17 juin parmi ces atteintes au droit de réunion.
L'opposition a appelé à une nouvelle manifestation contre le pouvoir le 29 juin. Ni l'opposition ni les autorités n'ont donné de signe de vouloir transiger, faisant redouter une escalade, malgré différents appels au dialogue de personnalités extérieures.
La majorité présidentielle accuse l'opposition de prêcher l'insurrection. Une personnalité éminente, Aminata Tall, membre de la direction du parti présidentiel, s'est singularisée cette semaine en critiquant le rejet de la liste d'opposition. "C’est un recul de la démocratie et personne ne doit l'accepter. Nous devons tous mener le combat pour consolider notre démocratie", a t-elle dit selon des propos largement répercutés par la presse.
Les législatives visent à renouveler les 165 députés de l'Assemblée nationale, largement dominée par la coalition présidentielle.