Les proches de l'opposant tchadien Ibni Oumar Saleh veulent que "justice soit dite"

La femme de l'opposant disparu Ibni Oumar Mahamat Saleh, Sadia Brahim, à droite, et son cousin Moussa Mahamat Saleh posent devant le portrait du leader de l'opposition chez lui à N'Djamena, le 15 mai 2008.

Les soutiens au Tchad de l'ex-porte-parole de l'opposition Ibni Oumar Mahamat Saleh ont déclaré jeudi vouloir que "la lumière puisse être faite" sur les circonstances de sa disparition le 3 février 2008.

Une commémoration de trois jours pour les dix ans de sa disparition a débuté ce jeudi à N'Djamena au siège du Parti pour les libertés et le développement (PLD) dont Ibni Oumar Mahamat Saleh était le fondateur.

"Nous voudrions savoir ce qui est arrivé à Ibni et qui a donné l'ordre, la cause de son interpellation pour que toute la lumière puisse être faite et que la justice soit dite", a déclaré à l'AFP Mahamat Ahmat Alhabo, secrétaire général adjoint du PLD.

"La personne qui a fait disparaître et a donné l'ordre de faire disparaître Ibni voulait faire disparaître quelqu'un qui dérange par ses idées", a ajouté Mahamat Ahmat Alhabo qui réclame aussi la restitution du corps de l'ex-opposant.

L'ex-ministre de deux présidents tchadiens dont Idriss Déby Itno, démis de ses fonctions en 1994 et passé dans l'opposition, avait disparu le 3 février 2008, pendant que N'Djamena était envahie par des groupes rebelles venus de l'est pour renverser le président Déby.

Selon les conclusions de l'enquête d'une commission intégrant des membres de la société civile et de l'opposition, mise en place en 2008 par le Tchad sur demande de la communauté internationale, Ibni Saleh aurait été enlevé à son domicile par des forces de défense et de sécurité tchadiennes.

Les autorités tchadiennes ne reconnaissent pas les conclusions de cette enquête.

Une plainte pour enlèvement et torture a été déposée en 2012 par la famille d'Ibni Oumar Mahamat Saleh devant le tribunal de grande instance de Paris.

Des commémorations auront lieu le 3 février en France, au Canada, au Cameroun, au Niger, en Égypte, au Soudan et au Burkina Faso.

A N'Djamena, le parti va organiser une exposition de photos et une projection de film, en plus de témoignages de proches pendant ces trois jours.

Dénommé "journée des martyrs", l'événement se veut aussi un hommage à toutes les personnes mortes pour la promotion de la démocratie et de l'Etat de droit au Tchad, selon les organisateurs.

Le Tchad traverse depuis plusieurs jours une période de tension politique, alimentée par une forte grogne sociale. Plusieurs mouvements de protestations contre les mesures d'austérité du gouvernement d'Idriss Déby ont tenté de descendre dans la rue, malgré l'interdiction des autorités et la présence d'un dispositif renforcé de sécurité.

Avec AFP