Dans la capitale tchadienne, les manifestations ont été dispersées par la police et un marché a été incendié.
Parallèlement, des associations de la société civile ont lancé une plate-forme dénommée "Ça suffit" pour demander le départ du président Idriss Deby Itno, au pouvoir depuis 25 ans, et qui a l'intention de se représenter à la présidentielle du 10 avril prochain.
A Moundou, capitale économique du Tchad, "tôt ce matin, les élèves ont envahi la rue pour manifester au cri de ‘justice pour Zouhoura’, les élèves du primaire et du secondaire ont sillonné la ville", a indiqué à l'AFP un commerçant joint par téléphone.
"La manifestation a été dispersée par la police anti-émeutes à coups de grenades lacrymogènes", a-t-il poursuivi. "Les activités commerciales ont été paralysées. Le marché est fermé et toutes les boutiques sont également restées fermées".
A Massaguet, à 80 km au nord de N'Djamena, le marché a été incendié à la suite d'une manifestation de jeunes.
"Les élèves ont manifesté en mettant le feu à deux boutiques, ce qui a provoqué un incendie dans le marché et ils ont été suivis par d'autres personnes", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police, le colonel Paul Manga.
Dans la capitale N'Djamena, les élèves des grands lycées n'ont pas repris les cours vendredi, a constaté l'AFP, après avoir été empêchés de manifester la veille par la police qui les avait dispersés à coups de gaz lacrymogène.
Le mouvement de contestation a débuté lundi, lorsque plusieurs centaines de jeunes Tchadiens ont manifesté à N'Djamena contre le viol d'une jeune fille, Zouhoura, avant d'être violemment dispersés par la police anti-émeute. L'un des protestataires, Abbachou Hassan Ousmane, 17 ans, a été tué par balle par la police pendant la dispersion.
Les cinq violeurs présumés, dont trois enfants de généraux, qui avaient posté sur les réseaux sociaux des photos de la jeune fille nue et en larmes, ont été depuis arrêtés mais la colère ne quitte pas les jeunes Tchadiens. Quatre complices présumés, dont un fils du ministre des Affaires étrangères, ont également été arrêtés.
La plate-forme "Ça suffit", lancée vendredi depuis le siège de l'Union des syndicats du Tchad, regroupe une vingtaine d'associations dont la Ligue tchadienne des droits de l'Homme, selon son porte-parole Younous Ibedou.
"Cette plate-forme a pour objectif de revendiquer le départ de Deby", a-t-il déclaré à l'AFP. "Le peuple tchadien ne peut pas encore supporter cinq ans de plus, ça suffit, il doit partir".
"À partir du 24 février nous lançons l'opération villes mortes. Elle sera suivie graduellement de sit-in et de marches pacifiques comme la Constitution nous en donne le droit", a-t-il annoncé.
Avec AFP