Lundi à Faya Largeau, dans l’extrême nord du Tchad, des lycéens sont descendus dans la rue pour emboiter le pas aux manifestations organisées dans d’autres villes depuis la semaine dernière. Selon la société civile, la police a violemment réprimé la manifestation, faisant un mort et plusieurs blessés.
Le mouvement de contestation a débuté le 15 février, quand des centaines de jeunes ont manifesté à N'Djamena après le viol de Zouhoura deux jours auparavant, avant d'être violemment dispersés par la police anti-émeute. L'un des protestataires, Abachou Hassan Ousmane, 17 ans, avait été tué par balle par la police pendant la dispersion.
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Le mouvement de contestation des lycéens s'est propagé dans d'autres villes, notamment à Moundou, capitale économique et deuxième ville du pays, et à Massaguet, à 80 km de N'Djamena.
Parmi les cinq violeurs présumés figurent trois fils de généraux. Quatre complices présumés, dont un fils du ministre des Affaires étrangères, ont également été arrêtés.
Selon le site Journal du Tchad.com, les auteurs présumés du viol ont été transférés dans la prison de haute sécurité de Koro Toro, dans le désert du Nord tchadien.
Malgré les arrestations des agresseurs, les jeunes lycéens et universitaires ne décolèrent pas, et le mouvement de la jeunesse tchadienne fait boule de neige jusqu’au sein des mouvements d’opposition qui appellent également à des marches pacifiques, notamment pour dénoncer l’impunité et amener Idriss Deby Itno à quitter le pouvoir, qu’il occupe depuis 26 ans.
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Idriss Deby va se présenter pour un 5ème mandat lors du premier tour de la présidentielle prévue le 10 avril.
La nouvelle plateforme des associations de la société civile dénommée "Ça suffit", en collaboration avec la coalition "Trop c'est Trop", lance une journée ville morte le 24 février, et la coalition des partis politiques de l'opposition démocratique tchadienne a programmé une marche pacifique le 23. Mais le ministre de la Sécurité, Ahmat Mahamat Bachir a aussitôt instruit les directions générales de la police et de la gendarmerie de «prendre toutes les dispositions nécessaires» pour empêcher cette marche.
Lundi, des lycéens arrêtés pour avoir manifesté vendredi à Massaguet étaient toujours détenus, selon la Convention tchadienne pour la défense des droits de l'Homme (CTDDH), qui s'est dite "préoccupée par l'arrestation gratuite et arbitraire de 17 élèves ayant manifesté leur mécontentement contre l'acte abject posé par les rejetons des hauts responsables du pouvoir et l'assassinat du jeune Abachou".
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Dans la capitale, les élèves des deux grands lycées n'ont pas repris les cours lundi. Ils avaient fait de même vendredi, après avoir été empêchés de manifester la veille par la police qui les avait dispersés à coups de gaz lacrymogène.
Face à cette vague de protestation, le régime d’Idriss Deby Itno a coupé l'accès à certains réseaux sociaux, notamment Facebook, sur lesquels les contestataires s'exprimaient avec virulence.
Avec Afp