Tension dans une ville du centre du Mali après des arrestations

Des membres de l'Armée malienne (FAMA), du Groupe Autodefense Touareg Imghad et Alliés (GATIA) et du Mouvement pour le salut de l'Azawad (MSA) sont observés lors d'une patrouille mixte dans les environs du district du nord du Mali, le 19 avril 2017.

La ville de Bankass, dans le centre du Mali, a été le théâtre lundi de tensions interethniques, jugées "préoccupantes" par les autorités, après l'arrestation de trois chasseurs traditionnels dogons suspectés de l'assassinat de sept civils, ont indiqué mardi des sources officielles et associatives.

"Il y a eu pendant un moment une tension à Bankass. Des jeunes ont brûlé des pneus et défié l'autorité mais le calme est revenu", a déclaré à l'AFP un élu du centre, membre de l'opposition.

Cette situation est "née de l'incompréhension survenue à la suite de l'arrestation de trois individus suspectés de meurtres et assassinats de sept passagers d'un camion de transport", a indiqué dans un communiqué le gouverneur de Mopti, chef-lieu d'une région où des violences intercommunautaires ont fait plus de 500 morts civils en 2018, selon l'ONU.

Les trois suspects avaient également "pris en otage les autres passagers en leur intimant de payer une rançon de 3 millions de FCFA (environ 4.500 euros) contre leur libération", a précisé le gouverneur, le général Sidi Alassane Touré, en disant suivre la situation "avec grande préoccupation".

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Ces trois hommes "appartiennent à la confrérie dozo", des chasseurs traditionnels qui prétendent protéger la communauté dogon, et étaient en possession "d'armes de guerre" et "des trois millions de rançon versés par leurs otages", a ajouté le général Touré.

Selon Hamadoun Dicko, président de la jeunesse de Tabital Pulaaku, principale association peule au Mali, les trois hommes sont membres du groupe d'autodéfense des Dogons "Dan Nan Ambassagou".

Ce groupe a "ordonné aux jeunes Dogons de Bankass de sortir dans la rue et de s'attaquer à la gendarmerie. Ils ont saccagé, pillé et brûlé", a affirmé M. Dicko à l'AFP.

"Quelques heures plus tard, les jeunes Dogons sont entrés dans le quartier peul, ont brûlé le hangar du chef de quartier peul (...) avant d'être déroutés par les jeunes Peuls du quartier", a-t-il ajouté, en accusant l'armée d'être restée "terrée" dans son camp.

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"Nous démentons catégoriquement cette information. Notre rôle est d'assurer la sécurité de tous les Maliens et non de protéger un groupe par rapport à un autre", a réagi une source militaire interrogée.

Depuis l'apparition il y a quatre ans dans le centre du Mali du groupe jihadiste du prédicateur peul Amadou Koufa --tué dans une opération militaire française soutenue par l'armée malienne dans la nuit du 22 au 23 novembre, selon Paris et Bamako--, les violences intercommunautaires se multiplient entre les Peuls, traditionnellement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, pratiquant majoritairement l'agriculture.

Les Peuls dénoncent des exactions de groupes de chasseurs, tolérées voire encouragées selon eux au nom de la lutte contre les jihadistes, par les autorités ou l'armée, ce que dément le gouvernement.

L'armée a récemment assuré avoir "intensifié les patrouilles au centre du pays suite à la démultiplication des affrontements communautaires".