"Entre la nuit du 11 et la matinée du 12/12/2018, des bandits armés sur plus de vingt motos ont fait irruption dans plusieurs localités au sud de la région de Ménaka et ont exécuté des civils de la communauté Idaksahak" (touareg), a affirmé dans un communiqué ce groupe, le Mouvement pour le salut de l'Azawad (MSA), faisant état de "47 morts".
"Les assaillants après leur forfait sont repartis vers la frontière nigérienne après avoir allumé un feu de brousse", a ajouté ce groupe principalement touareg soutenant la force française Barkhane et l'armée malienne, qui affronte régulièrement dans la région des jihadistes ayant prêté allégeance au groupe Etat islamique (EI).
Plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux civils, appartenant surtout aux communautés peule et touareg, ont péri depuis le début de l'année dans cette région.
Des élus locaux ont confirmé l'attaque, évoquant entre une vingtaine et plusieurs dizaines de tués.
Un élu de la région de Ménaka a confirmé que les assaillants étaient "venus de la frontière nigérienne et repartis dans cette direction", mais a indiqué ne pouvoir prononcer sur le bilan "parce que lorsque l'armée malienne s'est rendue sur les lieux, les corps étaient déjà enterrés par des combattants du Mouvement pour le salut de l'Azawad".
"Or, nous avons demandé qu'on attende l'arrivée de l'armée avant d'enterrer les corps", a expliqué cet élu sous le couvert de l'anonymat, disant "craindre une manipulation des chiffres".
Un autre élu local, qui affirme avoir pu brièvement parler avec un blessé transféré à Ménaka, a accusé les assaillants d'avoir "tiré sur tous les civils rencontrés dans les campements". "Je ne sais pas s'il y a quarante morts. Le blessé m'a dit que dans son campement, ils étaient sept", a-t-il précisé.
Le gouvernorat de la région n'était pas joignable jeudi matin.
La Mission de l'ONU au Mali (Minusma) a condamné sur Twitter "les faits collectés concernant cette série d'attaques", sans donner d'estimation chiffrée.
"Conformément à son mandat, la Minusma déploie une équipe spéciale d'enquête des droits de l'Homme pour établir les faits ainsi que les circonstances de l'exécution des civils dans ces localités et situer les responsabilités", a-t-elle ajouté, appelant "les autorités maliennes à enquêter sur ces incidents et à traduire les responsables en justice".
Dans un rapport remis au Conseil de sécurité de l'ONU en août, un groupe d'experts souligne que les conflits entre communautés de la région, pour les postes de pouvoir, le contrôle d'axes commerciaux ou de contrebande, les pâturages et l'accès aux puits, exacerbent les tensions dues aux affrontements entre jihadistes et forces internationales et maliennes.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, à la faveur de la déroute de l'armée face à la rébellion à dominante touareg, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée.
Les jihadistes en ont été en grande partie chassés ou dispersés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature en 2015 d'un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes.
Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud du Mali et le phénomène déborde sur les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires.