A ce stade, dimanche 15 novembre, trois des sept kamikazes morts dans les attentats de Paris qui ont fait 132 morts et 350 blessés ont été identifiés, selon la Justice française. La police a lancé un appel à témoins et diffusé la photo d'un suspect "susceptible d'être impliqué dans les attentats parisiens", Salah Abdeslam.
Né le 15 septembre 1989 à Bruxelles, il est considéré comme un "individu dangereux, surtout n'intervenez pas vous-même", conseille la police. La justice belge a émis un mandat d'arrêt international contre cet homme qui résidait dans le quartier de Molenbeek à Bruxelles.
C'est lui qui aurait fait l'objet d'un contrôle de police belge samedi matin. "Une personne ayant loué un de ces véhicules (retrouvés en France, au Bataclan et à Montreuil, NDLR) a fait l'objet d'un contrôle à Cambrai (nord de la France, NDLR), le 14 novembre à 9 h 10 sur l'autoroute A2 en direction de la Belgique. La voiture contrôlée a ensuite été interceptée à Molenbeek-Saint-Jean hier en fin d'après-midi", a indiqué le parquet belge.
La police belge a également procédé samedi à des perquisitons à Molenbeek. "Les pièces saisies et emportées sont actuellement en cours d'examen", selon le parquet.
C'est à Molenbeek, quartier populaire à forte population immigrée, qu'ont séjourné depuis une vingtaine d'années les auteurs de plusieurs attentats jihadistes, de l'assassinat du commandant Massoud en Afghanistan en 2001 au responsable présumé de la tuerie au Musée juif de Bruxelles, Mehdi Nemmouche, qui avait fait quatre morts en mai 2014.
Depuis "la première heure, les autorités judiciaires belges et françaises collaborent activement. Pour accélérer l'échange d'information, elles ont décidé de constituer une équipe commune d'enquête. Des enquêteurs français sont actuellement à Bruxelles", indique encore le parquet.
Une fratrie mise en cause
Salah Abdeslam serait le frère de l'un des kamizazes. Un autre membre de la fratrie a de son côté été place en garde à vue prolongée en Belgique. Les trois frères vivaient à Bruxelles, a indiqué une source antiterroriste.
Omar Ismaïl Mostefaï, un Français de 29 ans résidant dans la banlieue de Paris, est le premier kamikaze à avoir été identifié dès vendredi.
Les deux autres kamikazes identifiés résidaient en Belgique, a ajouté François Molins dans un communiqué. Agé de 20 ans, l'un est "l'auteur de l'un des attentats-suicides commis à proximité du Stade de France". L'autre, âgé de 31 ans, est celui qui s'est fait exploser boulevard Voltaire, dans l'est de Paris.
Omar Ismaïl Mostefaï, l'un des auteurs de l'attaque de la salle de spectacles du Bataclan à Paris, était en rupture avec sa famille, selon les premiers éléments de l'enquête. Identifié grâce à un doigt sectionné retrouvé au Bataclan, Mostefaï était fiché depuis 2010 pour radicalisation islamiste mais n'avait pas de lien connu avec les filières jihadistes, selon la justice française.
Il était surtout connu des services de police pour de petits délits, qui avaient donné lieu à huit condamnations entre 2004 et 2010 mais à aucune incarcération.
Selon une source proche de l'enquête, Mostefaï fréquentait assidûment la mosquée de Lucé, près de Chartres (centre). Les enquêteurs tentent par ailleurs de confirmer qu'il avait séjourné en Syrie en 2014.
Il était "parti au bled", en Algérie, avec sa famille et "sa petite fille", a affirmé son frère de 34 ans, désormais en garde à vue, qui a affirmé ne plus avoir de nouvelles de lui depuis un moment.
Passeport syrien : polémique en vue
Les enquêteurs ont aussi mis la main, près du corps d'un kamikaze du Stade de France, sur au moins un passeport syrien appartenant à un migrant arrivé en Grèce le 3 octobre. Ce pays est la principale porte d'entrée des réfugiés dans l'Union européenne.
Anticipant la polémique qui ne manquera pas d'enfler si certains des kamikazes s'étaient glissés dans le flot des réfugiés syriens, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a appelé l'Union européenne à garder la tête froide.
"Ceux qui ont perpétré les attentats sont exactement ceux que les réfugiés fuient, et non pas l'inverse, et par conséquent il n'y a pas lieu de revoir dans son ensemble la politique européenne en matière de réfugiés", a-t-il dit.
De son côté, la France a demandé dimanche la tenue d'un conseil extraordinaire des ministres de l'Intérieur de l'Union européenne le 20 novembre à Bruxelles pour "renforcer" la lutte antiterroriste après les attentats de Paris.
Du deuil national à l'unité nationale ?
Un deuil national de trois jours est observé depuis dimanche. Musées et salles de spectacle restent fermés dans la capitale. Les marchés de plein air, lieu de balade traditionnels le dimanche, n'ont pas été autorisés.
Des cérémonies de recueillement sont prévues en soirée à la Cathédrale de Paris et à la Grande synagogue.
Le président socialiste François Hollande, qui a appelé à l'unité nationale, a reçu les chefs de partis, dont son prédécesseur et rival de droite Nicolas Sarkozy, dans une tentative de concorde politique. Lundi, il doit s'exprimer devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès, un acte politique exceptionnel.
Le gouvernement français a réaffirmé que la France continuerait à frapper le groupe Etat islamique, qui a revendiqué les attentats samedi, pour le "détruire". "C'est l'ensemble des capacités de Daech (acronyme arabe du groupe Etat islamique) que nous devons viser", a précisé le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.
Avec AFP