Face au flou qui entoure toujours la politique étrangère du président américain, en particulier sur l'Asie, le Premier ministre indien, qui avait tissé des liens étroits avec Barack Obama, est en quête de repères et d'assurances.
Insistant sur "la convergence d'intérêts et de valeurs" entre les deux plus grandes démocraties du monde, il s'est efforcé de souligner combien son pays de 1,3 milliard d'habitants était porteur de promesses pour les emplois américains, sujet cher au nouveau locataire de la Maison Blanche.
"La transformation de l'Inde représente d'innombrables opportunités commerciales et d'investissement pour les entreprises américaines", a-t-il écrit dans une tribune publiée lundi dans le Wall Street Journal, rappelant que les échanges commerciaux entre les deux pays s'élèvent désormais à 115 milliards de dollars par an.
L'objectif central de M. Modi est simple: "S'assurer que les Etats-Unis soient attentifs à l'Inde et que la nouvelle administration s'inscrive dans la continuité de la précédente", souligne Shailesh Kumar, du centre Eurasia Group. Et ce dernier de prédire "une offensive de charme" du leader indien.
Dimanche soir, à l'issue d'une rencontre d'une vingtaine de dirigeants de groupes américains, dont Amazon, le dirigeant indien a martelé sa conviction qu'une "Amérique forte" était une bonne chose pour le monde.
La Maison Blanche rappelle inlassablement que les deux hommes ont "beaucoup de choses en commun".
Le magnat de l'immobilier de New York et le nationaliste hindou "se sont présentés comme des outsiders, ont promis des emplois et assuré qu'ils voulaient que leurs pays respectifs soient (de nouveau) respectés", rappelle Tanvi Madan de la Brookings Institution.
Ils partagent aussi une forme de méfiance vis-à-vis des médias et ont largement recours aux réseaux sociaux pour s'adresser directement à leur base: M. Trump compte plus de 32 millions d'abonnés sur Twitter, M. Modi est juste derrière avec près de 31 millions.
Après une rencontre dans le Bureau ovale en milieu d'après-midi, les deux hommes partageront un dîner à la Maison Blanche. Si des déclarations sont annoncées, aucune conférence de presse n'est prévue.
Cette décision, qui contraste avec le déroulement des visites de nombre d'autres leaders, telle que celle du Premier ministre japonais Shinzo Abe, pourrait s'expliquer par la volonté de la Maison Blanche d'éviter une rafale de questions sur l'enquête russe qui empoisonne le début de mandat du républicain septuagénaire.
Tensions sur les visas
Les points de désaccord entre MM. Trump et Modi sont réels. Au premier rang d'entre eux figure l'épineux dossier des visas H-1B, que Donald Trump, élu sur la promesse de donner la priorité aux Américains, entend réformer. Ces derniers constituent de précieux sésames pour des milliers d'Indiens hautement qualifiés attirés par la Silicon Valley.
L'accord de Paris sur le climat, que le président américain vient de quitter avec fracas, est aussi un point de contentieux. D'autant que les critiques du locataire de la Maison Blanche, qui a accusé l'Inde de bénéficier d'un traitement de faveur, ne sont pas passées inaperçues à Delhi.
Si aucune annonce de taille n'est attendue, M. Modi "essaiera de donner à Trump des avancées +tweetables+", estime Tanvi Madan.
Dans le secteur de la défense, une annonce pourrait intervenir sur la vente à Delhi par le groupe General Atomics de drones militaires pour une valeur totale de plus de deux milliards de dollars.
Les questions de sécurité régionale figureront en bonne place dans les entretiens, alors que Washington envisage de déployer 5.000 soldats supplémentaires en Afghanistan.
"L'Inde a joué un rôle positif en Afghanistan", souligne un responsable américain, rappelant que que Delhi s'est engagée au total sur une aide de plus de 3 milliards de dollars.
Le Pakistan, grand rival de l'Inde, est régulièrement accusé par l'Afghanistan de parrainer l'insurrection talibane.
Avec AFP