C'est une Première ministre fragilisée qui s'entretiendra avec le président américain: la dirigeante conservatrice démissionnera vendredi, après avoir échoué à mettre en oeuvre la sortie de l'Union européenne.
Elle assurera toutefois la transition jusqu'à ce qu'un nouveau chef de gouvernement soit choisi, d'ici le 20 juillet. Fidèle à son style, le tempétueux président n'a pas hésité à donner son avis sur le sujet.
Lire aussi : Un Royaume-Uni dans la tourmente déroule le tapis rouge à TrumpQuelques jours avant sa venue à Londres, il a jugé que Boris Johnson, ancien ministre des Affaires étrangères, ferait un "excellent" Premier ministre, et recommandé au Royaume-Uni de quitter l'UE sans accord, un scénario auquel s'est toujours opposée Mme May.
"Un grand accord commercial est possible une fois que le Royaume-Uni se sera débarrassé de ses chaînes", a tweeté lundi soir le président américain, qui doit s'entretenir en fin de matinée avec la cheffe du gouvernement avant une conférence de presse commune qui pourrait être animée.
- Accord de libre-échange ? -
La relation commerciale entre les deux pays sera en effet cruciale pour le Royaume-Uni post-Brexit, le pays devant quitter l'Union européenne le 31 octobre au plus tard.
"Nous avons le potentiel d'être un partenaire commercial incroyable pour le Royaume-Uni", a assuré M. Trump dimanche.
L'ambassadeur américain au Royaume-Uni Woody Johnson a lui affirmé que Washington préparait déjà un accord et qu'il serait "plus rapide qu'aucun autre accord que nous ayons jamais eu".
Il a dit s'attendre à voir Londres ouvrir ses portes aux produits agricoles américains et affirmé que "tout ce qui est commercialisable sera sur la table" des négociations, en réponse à une question sur les vues des entreprises américaines sur le système de santé public britannique (NHS).
Mais, preuve que les négociations s'annoncent ardues, un porte-parole du gouvernement britannique précisé que la NHS ne serait en aucun cas à l'agenda.
L'actuelle relation entre les deux pays se fonde "sur un excellent partenariat mais je pense que nous pouvons encore faire mieux" avec "un accord de libre-échange bilatéral", doit déclarer, selon Downing Street, Theresa May lors d'une table-ronde avec des chefs d'entreprise et Donald Trump. La Première ministre veut encourager une "coopération économique plus large" avec des "marchés libres, équitables et ouverts".
Mais pour le mouvement "A people's vote", en faveur du maintien dans l'UE, Donald Trump veut une sortie sans accord du bloc européen pour "affaiblir" le Royaume-Uni et "dicter" ses conditions au prochain Premier ministre.
D'autres dossiers brûlants devraient être abordés: l'Iran, avec la volonté affichée du Royaume-Uni de défendre l'accord nucléaire que Donald Trump a remis en cause; ou encore l'environnement, les Etats-Unis ayant décidé, seuls, de se retirer de l'accord de Paris.
Washington fait aussi pression sur Londres pour exclure Huawei de son réseau 5G. Dimanche, dans le Sunday Times, Donald Trump a demandé au gouvernement britannique de se montrer "très prudent" quant à la place qu'il compte donner au géant chinois des télécoms.
- Bébé Trump -
Après s'être vu déroulé le tapis rouge à Buckingham Palace lundi, au premier jour de sa visite, et avoir échangé des cadeaux avec la reine, Trump sera confronté mardi à des manifestations contre sa politique.
C'est "l'occasion de faire preuve de solidarité avec ceux qu'il (Donald Trump, ndlr) a attaqués aux Etats-Unis, dans le monde entier et dans notre propre pays, y compris ce matin-même", a tweeté le chef de l'opposition travailliste britannique Jeremy Corbyn, dans une allusion à Sadiq Khan, le maire de Londres.
Ce dernier a été qualifié de "loser total" par le président américain dans un tweet quelques minutes avant son atterrissage dans la capitale britannique.
Comme d'autres personnalités politiques, le maire de Londres a boycotté le banquet organisé en son honneur lundi soir. Il a aussi autorisé les manifestants anti-Trump à faire voler dans le ciel londonien mardi un ballon caricaturant Donald Trump en bébé joufflu et colérique.
Ce ballon est devenu un symbole de la contestation britannique contre le président américain, jugé "misogyne" et "xénophobe", lors de manifestations ayant rassemblé des dizaines de milliers de personnes contre sa première visite en juillet 2018.
A l'autre bord de l'échiquier politique, l'europhobe Nigel Farage, dont le Parti du Brexit a raflé la mise aux européennes, s'est lui réjoui lundi de la présence de Donald Trump, "un vrai ami du Royaume-Uni".
Avec AFP