Tshisekedi à Kabila : respecter la Constitution, c’est respecter le délai et le nombre des mandats présidentiels

Etienne Tshisekedi, 27 juillet 2016.

Le leader du Rassemblement, la plus grande plate-forme regroupant les forces vives opposées au prolongement du mandat du président Joseph Kabila, précise, en réaction au discours à la nation du chef de l'Etat congolais, que le respect de la Constitution, c’est aussi le respect du délai et du nombre de mandats.

Etienne Tshisekedi, chef de l’Udps (Union pour la démocratie et le progrès social), a réagi mardi tard dans la soirée au discours prononcé plus tôt par le président Kabila indiquant que son sort était réglé de manière satisfaisante par la Constitution.

L’opposant historique qui est à la tête de la plate-forme qui a boycotté le dialogue politique estime, dans un communiqué, que le discours de M. Kabila au « ton agressif », « n’apaise pas les esprits et ne favorise pas la recherche du consensus pour une sortie pacifique de la crise ».

« En d’autres termes à l’expiration de son second et dernier mandat, M. Joseph Kabila ne violera pas l’article 220 de la Constitution en ce qui concerne le nombre et la durée du mandat présidentiel », met en garde M. Tshisekedi dans ce communiqué signé de sa main.

« Lorsqu’il ne dit pas explicitement qu’il quitte le pouvoir le 19 décembre, nous le tenons à l’œil parce que l’explication est qu’il voudrait ... nous opposer les arrêts de la Cour constitutionnelle. Voilà pourquoi nous avons relevé l’article 220 qui parle de la durée et du nombre des mandats du président de la République que nous lui demandons de ne pas violer », explique, pour sa part, Franck Diongo, un des sages du Rassemblement que VOA Afrique a interviewé.

Selon la Cour constitutionnelle, le président Kabila devra rester en place jusqu'à l'élection d'un nouveau président.La Commission électorale nationale indépendante et l'accord politique repoussent les élections à entre avril et octobre 2018.

Le Rassemblement affirme continuer à attendre un autre dialogue pour lequel la Conférence nationale épiscopale des évêques (catholiques) du Congo (Cenco) menait des consultations depuis deux semaines à l’initiative du président Kabila.

Dans son discours, M. Kabila a coupé court cette démarche en annonçant que l’accord politique issu du dialogue politique clôturé le 18 octobre dernier constituait « la seule feuille de route mise au point par les Congolais eux-mêmes, représentants aussi bien l’Opposition Politique, la Société Civile que la Majorité. »

M. Kabila a, dans son discours, accusé l’opposition de peu d’intérêt à la quête de solution aux différends qui les opposent.

Il a appelé l’opposition à rejoindre plutôt l’accord signé le 18 octobre avec une frange d’opposants et a annoncé la nomination prochaine d’un gouvernement dont la mission principale sera de conduire le peuple aux élections, tout en préservant les acquis économiques et sociaux des quinze dernières années.

L’opposition, elle, s’y oppose et exige une transition sans M. Kabila, a déclaré Emery Damien Kalwira, de la Coalition des Congolais pour la transition, avis que partagent aussi bien le Rassemblement que le Mouvement pour la libération du Congo, parti de l’ancien leader rebelle et ancien vice-président de la RDC, Jean–Pierre Bemba, en prison à La Haye, à la Cour pénale internationale pour des crimes de guerre et contre l’humanité commises par ses troupes en Centrafrique.

Le climat politique est tendu en RDC. L’opposition promet d’appeler à des manifestations de rue pour chasser M. Kabila du pouvoir au 19 décembre prochain, date de la fin de son mandat selon la Constitution. Les élections n’ayant pas pu être organisées.

Au moins 49 personnes ont été tuées les 19 et 20 septembre 2016, lors de précédentes manifestations.