La réaction des pays arabes à la révolution du jasmin en Tunisie

L'exemple tunisien fera-t-il tache d'huile?

Des manifestations ont eu lieu au Yémen, en Egypte, en Jordanie et à Ramallah. Les manifestants brandissant des drapeaux tunisiens ont crié en faveur d’un changement de régime et de la fin de la corruption et de la gabegie. En Afrique du Nord, en revanche, pas de réactions du côté des gouvernements algérien, mauritanien ou marocain.

En Libye, dans un discours adressé samedi soir au peuple tunisien, le leader Mouammar Khadafi a dit regretter l’éviction du général-président Ben Ali. Il a dit aux Tunisiens qu’ils auraient pu attendre qu’il finisse son mandat en 2014 pour demander le changement.

Selon Sami Aoun, professeur de sciences politiques et spécialiste du monde arabe à l’Université de Sherbrooke, au Québec, il s’agit là d’ « un message de solidarité pour les mêmes membres du club. Le club des dirigeants éternels et historiques qui sont inamovibles. Au-delà de la symbolique, Khadafi essaie d’influencer le cours de la transition démocratique en Tunisie, et il sait qu’il a les moyens de le faire, soit en fermant les frontières, soit en disant à son peuple que le cas tunisien a été coûteux et le jeu ne vaut pas la chandelle ! »

Le cas de l’Egypte de Moubarak est encore plus intéressant, estime le professeur Aoun. Le Rais fait face à une opposition croissante, en plus de la menace islamiste incarnée par les puissants Frères Musulmans. « Ils sont très forts et peuvent changer le statut géopolitique du pays et changer la forme du régime. Ce qui permet au gouvernement Moubarak de brandir la carte de la menace islamiste à l’étranger, surtout dans les capitales européennes», explique Sami Aoun.