La police tunisienne a fait usage de gaz lacrymogène, mardi, pour disperser des manifestants, à Tunis. Des centaines de personnes ont marché pour protester contre le nouveau gouvernement qui inclut plusieurs membres du parti du président déchu Zine El Abidine Ben Ali.
Lundi, un millier de manifestants étaient descendus dans les rues de la capitale tunisienne pour exiger l’éradication complète de l’ancien parti au pouvoir. Les forces de sécurité les ont dispersés à l’aide de canons à eau de gaz lacrymogène.
Ces protestations interviennent après l’annonce, par le Premier ministre Mohamed Ghannouchi, un proche allié de M. Ben Ali, de la formation d’une coalition gouvernementale maintenant à leurs postes les ministres de la Défense, de l’Intérieur, des Affaires étrangères et des Finances.
Trois membres de l’opposition entrent dans ce gouvernement, y compris Najib Chebbi, fondateur du plus important groupe de l’opposition, le Parti démocratique progressiste (PDP).
Les partis communiste et islamiste sont exclus de ce gouvernement d’union nationale et leurs leaders l’ont dénoncé.
Selon le ministère tunisien de l’Intérieur, le bilan des manifestations contre la cherté de la vie et le chômage est maintenant de 78 morts. Des sources non officielles parlent d’environ 100 morts.
Des chars de l’armée et des éléments lourdement armés de la police anti-émeute sont toujours déployés à Tunis. De nombreuses boutiques et entreprises sont fermées. Un couvre-feu strict est toujours en place, de même que l’interdiction de tout rassemblement public.
Après plus de deux décennies à la tête du pays, l’ancien président Ben Ali et sa famille ont fui le pays, vendredi, pour l’Arabie saoudite. Selon le Premier ministre Ghannouchi, la Tunisie œuvrera en vue d’organiser des élections libres et transparentes, sous la supervision d’observateurs internationaux. Une élection présidentielle doit avoir lieu dans un délai de 60 jours.
Tous les partis politiques seront légalisés, a promis M. Ghannouchi. Les libertés fondamentales seront rétablies et les restrictions aux activités de toutes les ONG levées, y compris la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, a assuré le Premier ministre.