"La production était déjà partielle depuis des mois mais, depuis deux jours, elle est totalement à l'arrêt du fait de mouvements de protestations de chômeurs", a déclaré à l'AFP le responsable de la communication de la CPG, Ali Ouchetti.
Selon lui, "les manifestants ont empêché les ouvriers de monter dans les bus pour rejoindre les sites de production et ont bloqué toute entrée et sortie du bâtiment de la compagnie" à Metlaoui, une ville située non loin de la frontière algérienne.
Interrogés par un correspondant de l'AFP, ces manifestants ont menacé de poursuivre leur action si les "promesses" d'embauches du gouvernement sortant de Habib Essid "ne sont pas tenues".
"Les autorités n'ont pas respecté l'accord qui a été conclu. Le gouvernement Essid est parti sans rien faire!", a dénoncé Mohamed Jdidi, 45 ans.
Le gouvernement d'union dirigé par Youssef Chahed a rapidement saisi la question et annoncé la tenue d'une réunion au siège du gouvernement à la Kasbah à Tunis, pour "l'examen du dossier de phosphates dans le bassin minier".
M. Chahed, 40 ans, est entré en fonctions lundi, prenant la suite du cabinet Essid. Il aura parmi ses grandes priorités de relancer l'activité industrielle du pays, minée par les conflits sociaux, en particulier depuis la révolution de 2011.
L'industrie du phosphate représentait à l'époque quelque 10% des exportations tunisiennes, et près de 30.000 emplois directs et indirects. Mais, en cinq ans, la production a été divisée par plus de deux, passant de huit à 3,2 tonnes, ce qui a aggravé le déficit de la balance commerciale.
Le phosphate tunisien est principalement utilisé dans l'agriculture pour la fabrication d'engrais.
Basée à Gafsa, la CPG est parmi les plus importants producteurs de phosphate au monde. Ses principaux sites se trouvent à Metlaoui, ainsi qu'à Redeyef, Om Laârayes et Mdhilla, dans le gouvernorat de Gafsa.
Cette entreprise publique est de loin le principal employeur de la région, l'une des plus pauvres de Tunisie et qui avait été le théâtre dès 2008 d'une insurrection alors réprimée dans le sang par le régime de l'ex-dictateur Zine el Abidine Ben Ali.
Avec AFP