Un antipaludéen a nettement réduit la mortalité des malades d'Ebola

Les agents de santé portent le corps d'une victime Ebola pour l'enterrement dans un cimetière de Freetown, le 17 Décembre 2014.

Un antipaludéen a réduit la mortalité chez les patients atteints d'Ebola, révèle une étude menée dans un centre de traitement de l'ONG Médecins sans Frontière (MSF) au Liberia en 2014 dont les résultats sont publiés mercredi aux Etats-Unis.

Le risque de décès chez les malades atteints d’Ebola traités avec de l'artesunate-amodiaquine a été réduit de 31% par rapport à ceux soignés avec de l'artemether-lumefantrine, un autre traitement antipaludéen, selon les travaux parus dans la revue New England Journal of Medicine. L'administration systématique d'antipaludéens fait partie de la prise en charge des cas d'Ebola par MSF.

Le rôle de l'artesunate-amodiaquine a été découvert lorsque le centre de soins de Foya au Liberia s'est trouvé en rupture de stock d'artemether-lumefantrine au plus fort de l'épidémie du virus Ebola en août 2014. Pendant deux semaines, ses patients ont donc été traités avec le premier antipaludéen, sans autre modification dans la prise en charge clinique, et les médecins ont constaté une réduction marquée de la mortalité. Des analyses supplémentaires ont permis d'exclure d'autres facteurs tels que l’âge ou la charge virale, qui auraient pu avoir un effet sur la mortalité.

Les propriétés anti-virales de l'amodiaquine ont récemment été observées lors de tests en laboratoire sur différents médicaments utilisés pour traiter d'autres maladies infectieuses. Mais aucun essai clinique mené en instituts de recherche n'a encore fourni de preuves concluantes de l'efficacité de cet anti-paludéen contre Ebola.

Néanmoins, les auteurs de l’étude préfèrent observer une certaine réserve. "Vu le contexte particulier de cette étude au centre de Foya, nous devons rester prudents et éviter de tirer des conclusions hâtives", reconnait l’un d’eux, le docteur Iza Ciglenecki.

Toutefois, l'étude rétrospective de MSF est prometteuse et devrait encourager la recherche clinique. "L'artesunate-amodiaquine n'en demeure pas moins une piste prometteuse et il est urgent de mener des essais pré-cliniques et cliniques permettant de confirmer son effet sur la réduction de la mortalité des personnes atteintes d'Ebola", insiste Iza Ciglenecki.

Ce médecin espère que la fin proche de l'épidémie "ne va pas freiner les efforts nécessaires pour trouver les traitements, des tests de diagnostic et des vaccins contre Ebola et d'autres maladies émergentes, pour lutter contre de prochaines épidémies".

L’épidémie d’Ebola, identifiée pour la première fois en Afrique Centrale en 1976, a été très dévastatrice en Afrique de l’Ouest. Elle a causé plus de 11.300 morts sur 29.000 cas recensés depuis son apparition en Guinée en décembre 2013 avant de s'étendre à la Sierra Leone et au Liberia.

L'Organisation mondiale de la santé pourrait proclamer la fin de l'épidémie dans l'ensemble de la région touchée vers mi-janvier.

Avec AFP