Un conseiller d'Erdogan accuse des cuisiniers européens d'espionnage

Le président Recep Tayyip Erdogan, 3 juin 2016. epa/SAID YUSUF WARSAME

Que font réellement ces cuisiniers européens qui sillonnent la Turquie en quête de spécialités locales pour la télévision? De l'espionnage, assure un proche conseiller du président Recep Tayyip Erdogan, qui fait régulièrement les délices des réseaux sociaux.

"L'autre jour, j'ai regardé une émission sur une chaîne de télévision. Un Anglais et un Italien (...) se promènent de village en village, font cuire des plats et découvrent les délices d'Anatolie", a raconté mercredi soir Yigit Bulut sur la chaîne A Haber.

"Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais toutes ces émissions culinaires sont faites par des étrangers. Pourquoi des Anglais, des Allemands, des Italiens ou des Français se promènent-ils dans les villages d'Anatolie ou de Thrace? Ils collectent des informations", a-t-il affirmé, face à un présentateur impassible.

M. Bulut semble faire référence au programme télévisé populaire "De l'Europe à l'Anatolie", qui met en scène deux chefs, un Néerlandais et un Italien, parcourant la Turquie à la découverte des trésors culinaires.

Les déclarations de M. Bulut, l'un des principaux conseillers économiques de M. Erdogan, surviennent alors que les relations entre la Turquie et l'Union européenne se sont tendues depuis le putsch manqué en juillet.

D'après l'influent conseiller, ces "espions" profitent du sens de l'hospitalité des populations locales pour parvenir à leurs fins.

"Nos compatriotes sont crédules", a déploré M. Bulut, "ils leur ouvrent leur porte, leur racontent leurs secrets, leur disent où se trouvent la base militaire du coin, les dépôts de munitions".

Exhortant ses concitoyens à ne pas rester "endormis", M. Bulut a déclaré: "Soyez attentifs (...) Et que personne ne me réponde que c'est une théorie complotiste ou que j'exagère!"

Ardent défenseur du chef de l'Etat turc, M. Bulut a prévenu l'an dernier qu'il faudrait lui "passer sur le corps" avant d'attenter à la vie du président, ajoutant qu'il possédait "deux revolvers et des centaines de munitions" prêts à l'usage.

Il aura fort à faire, à l'en croire: M. Bulut a affirmé en 2013 que M. Erdogan était la cible de fréquentes tentatives d'assassinat, dont certaines par "télékinésie".

Avec AFP