Un émissaire de l'ONU bientôt au Burundi pour des pourparlers de crise

Jamal Benomar, envoyé spécial de l'ONU, 28 septembre 2014.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé jeudi l'envoi d'un émissaire au Burundi, qui a suspendu sa collaboration avec le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme et s'est opposé au déploiement d'une force de police onusienne dans le pays.

L'envoyé spécial Jamal Benomar se rendra à Bujumbura la semaine prochaine pour des pourparlers de crise.

Cette décision intervient dans un contexte de tensions accrues entre le Burundi et les Nations unies. Le pays d'Afrique de l'est, plongé dans une crise politique, a également adopté mercredi un projet de loi prévoyant son retrait de la Cour pénale internationale.

"Nous avons besoin d'un engagement renouvelé avec le gouvernement", a confié Jamal Benomar à des journalistes à l'issue d'une réunion du Conseil à huis clos.

L'ambassadeur français auprès de l'ONU François Delattre a affirmé de son côté que le Conseil apporte un "soutien clair à (Jamal) Benomar" avant son prochain déplacement.

L'envoyé spécial a assuré qu'il tentera, durant les pourparlers en prévision, de "clarifier l'objectif de la résolution 2303", adoptée en juillet et autorisant le déploiement de 228 policiers de l'ONU au Burundi. Et qu'il "verra si on peut trouver un moyen d'avancer" sur ce dossier.

Bujumbura a récemment affirmé qu'il n'accepterait que quelques dizaines de policiers sur son sol.

Il s'agit de l'un des points de friction entre le Burundi et l'ONU.

Le gouvernement burundais a froidement accueilli un rapport onusien dans lequel des experts ont pointé la responsabilité de la police et des forces de sécurité dans les violences qui agitent le pays depuis plus d'un an, évoquant un risque de génocide.

C'est notamment à la suite de sa publication que le Burundi a annoncé mardi suspendre toute collaboration avec le bureau onusien de Bujumbura, accusé de "complicité" dans l'élaboration d'un rapport "mensonger".

Le Burundi est plongé dans une grave crise depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat, qu'il a obtenu en juillet de la même année au terme d'une élection boycottée par l'opposition. Des violences ont fait plus de 500 morts et poussé plus de 300.000 personnes à quitter le pays.

Jamal Benomar n'a toutefois pas indiqué jeudi s'il évoquera de possibles sanctions ou autres mesures contre Bujumbura, si ce dernier continue de s'opposer à l'ONU.

Ave AFP