Un fonds de la CPI pour les victimes des milices de Bemba en Centrafrique

L'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba a été acquitté en appel des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité commis en Centrafrique, à la Cour pénale internationale (CPI), La Haye, 8 juin 2018. (Twitter/CPI)

La Cour pénale internationale (CPI) a annoncé le lancement d'un programme d'assistance d'un million d'euros pour les victimes centrafricaines des miliciens de Jean-Pierre Bemba, a indiqué mercredi le chef de bureau de la CPI en Centrafrique.

"Les juges n'ont pas ignoré les crimes graves commis en Centrafrique entre 2002 et 2003", a indiqué Mike P.J. Cole, chef de bureau de la CPI dans le pays, lors d'une conférence de presse à Bangui.

Ce programme d'assistance en Centrafrique - qui fait partie du programme du Fonds au profit des victimes (FPV), un organe de la CPI - avait initialement été annoncé en 2013.

Mais son lancement avait été "suspendu et finalement annulé" en raison de la situation sécuritaire, selon un communiqué du FPV, qui indique mercredi vouloir "accélérer son (nouveau) lancement".

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Mardi, l'ancien chef de guerre congolais Jean-Pierre Bemba a été libéré de la CPI, après avoir été acquitté en appel, à la surprise générale, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Entre octobre 2002 et mars 2003, appelés à la rescousse par le président centrafricain Ange-Félix Patassé pour contrecarrer la tentative de coup d'Etat lancée par le général (et futur président) François Bozizé, les miliciens "banyamulenge" de Jean Pierre Bemba se sont livrés, sans retenue et pendant plus d'un mois, à de terribles exactions dans la capitale centrafricaine.

"Vous n'êtes pas oubliées. Les préjudices que vous avez subis sont reconnus et appellent de toutes urgence une réponse significative", a indiqué le FPV mercredi.

"Le programme d'assistance sera assuré sous forme de réhabilitation physique et psychologique, ainsi que de soutien matériel, au profit des victimes et de leurs familles", a-t-il ajouté.

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Présente mercredi à Bangui, l'avocate des victimes des "banyamulenge" à la CPI, Marie-Edith Douzima, a indiqué "se poser des questions sur" la décision de la CPI. "Est-ce que c'est la politique qui est derrière?", s'est-elle interrogée.

Ancien riche homme d'affaires devenu chef de guerre puis vice-président de la République démocratique du Congo, Jean-Pierre Bemba avait été condamné en première instance en 2016 à 18 ans de prison, la peine la plus lourde jamais imposée par la CPI, pour les meurtres, viols et pillages commis en Centrafrique par sa milice entre octobre 2002 et mars 2003.

Remis en liberté provisoire sous conditions spécifiques mardi, M. Bemba devrait rejoindre son épouse et ses cinq enfants installés en Belgique, selon ses avocats.

Avec AFP