"Nous avons réussi, l'homme soupçonné de terrorisme (Jaber) Albakr a été arrêté au cours de la nuit à Leipzig", en Saxe (est), a annoncé la police, en précisant qu'il avait été dénoncé par des Syriens l'ayant accueilli.
"La police a reçu un renseignement indiquant que des compatriotes du suspect le retenaient dans un appartement", a-t-elle ajouté.
Selon plusieurs médias, l'homme en cavale était aux abois et s'était résolu à aborder "à reculons" et "la mine décomposée" un autre Syrien en gare de Leipzig pour lui demander un hébergement.
Ce n'est que dimanche soir, lorsque l'avis de recherche des autorités a été publié en arabe sur internet, que le Syrien a compris que l'homme qu'il abritait était recherché par toutes les polices du pays, selon Bild. Avec l'aide d'un co-locataire, de même nationalité que lui, il l'a alors ligoté avec une corde et l'un d'eux s'est rendu dans un commissariat pour le dénoncer.
Quand les forces de l'ordre sont arrivées, l'un des locataires était en train de maintenir au sol à genou le fugitif, qui commençait à défaire ses liens, ajoute le journal.
La chancelière Angela Merkel, par la voix d'une porte-parole, a exprimé lundi sa "gratitude à l'égard du Syrien qui a informé la police sur la présence du suspect et apporté ainsi une contribution décisive à son arrestation".
Jaber Albakr devait se faire notifier dans la journée son inculpation et être écroué. Selon le parquet anti-terroriste allemand, "tout indique que le suspect avait l'intention de commettre un attentat islamiste". Selon plusieurs médias allemands, un aéroport ou une "plateforme de transport" étaient visés.
L'homme était en lien avec l'organisation Etat islamique (EI) qui l'avait formé à la fabrication et à l'utilisation d'explosif, selon certains médias.
Appels à mieux surveiller les réfugiés
L'interpellation marque l'épilogue d'une course-poursuite qui a tenu le pays en haleine pendant deux jours.
Tout a commencé vendredi lorsque le renseignement intérieur, qui surveillait Jaber Albakr, a conseillé à la police de Chemnitz, située à 260 km au sud de Berlin, de l'arrêter en raison d'un risque imminent de passage à l'acte.
Les forces de l'ordre sont intervenues samedi matin mais l'ont manqué de peu, l'homme parvenant à leur échapper. Elles ont en revanche découvert dans l'appartement qu'il occupait une importante quantité d'explosifs.
Selon plusieurs médias, il s'agit de 500 grammes de TATP, la substance prisée des jihadistes de l'EI, qui peut être fabriquée avec des produits disponibles dans le commerce.
Le suspect est un demandeur d'asile arrivé en février 2015, soit plusieurs mois avant la grande vague de migrants de l'automne.
Son projet présumé d'attentat a relancé le débat autour d'un contrôle renforcé des réfugiés, dont un nombre record - 890.000 - est arrivé l'an dernier en Allemagne dans le cadre de la politique d'ouverture en 2015 d'Angela Merkel.
L'un des responsables du parti conservateur de la chancelière, Michael Kretschmer, a appelé lundi à ce que "les services secrets aient accès aux données" des demandeurs d'asile.
"Les services de renseignements extérieurs et intérieurs doivent être davantage impliqués dans les interrogatoires et les vérifications des migrants", lui a fait écho un responsable de la branche bavaroise de la CDU (CSU), Stephan Mayer.
Toutefois, un dirigeant du syndicat de policier BDK, Sebastian Fiedler, a souligné que l'arrestation du suspect par d'autres Syriens devait précisément conduire à éviter les amalgames contre les migrants. "C'est un signal très positif qui montre que tous ne doivent pas être soupçonnés", a-t-il dit.
L'Allemagne a connu en juillet deux attentats commis par des réfugiés et revendiqués par l'EI. Et plusieurs autres ont été déjoués ces derniers mois.
Avec AFP