M. Merera, président du Congrès fédéraliste oromo (OFC), emprisonné depuis 2016, est le premier opposant de haut rang relâché depuis que le Premier ministre, Hailemariam Desalegn, a promis le 3 janvier de libérer un certain nombre d'hommes politiques.
Le gouvernement avait annoncé lundi que 528 individus, pour la plupart accusés d'implication dans des violences ethniques à la frontière entre les régions oromo et somali (sud), seraient libérés et que les charges à leur encontre seraient abandonnées. Selon Fana, 115 prisonniers ont ainsi retrouvé la liberté mercredi.
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La libération de M. Merera figurait parmi les principales demandes des protestataires oromo, la principale ethnie du pays, qui avaient lancé en 2015 une vague de manifestations anti-gouvernementales sans précédent depuis 25 ans.
Ces manifestations, qui s'étaient ensuite étendues à la région amhara (nord), avaient été violemment réprimées par les forces de l'ordre, faisant au moins 940 morts selon la Commission éthiopienne des droits de l'Homme, liée au gouvernement.
Le calme - même si d'occasionnelles manifestations ont encore lieu dans la région oromo -, n'était revenu qu'avec l'instauration d'un état d'urgence entre octobre 2016 et août 2017.
"Ce sera une bonne chose si le gouvernement conduit des négociations honnêtes avec les forces politiques qui jouissent d'un soutien massif, afin de créer une Ethiopie démocratique qui garantisse l'équité entre tous", a déclaré M. Merera après sa libération à Addis Abeba.
M. Merera avait été appréhendé en 2016, peu après son retour d'un voyage en Europe, où il avait dénoncé l'état d'urgence devant des parlementaires européens à Bruxelles. Il avait été inculpé notamment d'incitation aux émeutes et été accusé d'avoir préparé un coup d'État.
Amnesty International a salué dans un communiqué sa libération, mais appelé le gouvernement éthiopien à relâcher les autres "prisonniers de conscience".
"Des centaines de prisonniers de conscience continuent à languir en prison, accusés ou poursuivis pour avoir exercé légitimement leur liberté d'expression ou simplement pour avoir défendu les droits de l'Homme", a déclaré Netsanet Belay, directeur Afrique d'Amnesty.
La décision de libérer des prisonniers a été prise alors que des fractures sont apparues dernièrement au sein de la coalition au pouvoir. Deux de ses hauts responsables, dont le président de l'Assemblée nationale, Abadula Gemeda, un Oromo, ont ainsi annoncé leur démission, avant de revenir sur leur décision.
M. Hailemariam n'avait donné aucune indication du nombre de gens concernés par ces libérations. Il n'avait pas dit si la mesure s'étendrait aux milliers de personnes considérées comme des prisonniers politiques par les groupes de défense des droits de l'Homme et les opposants.
Le nombre exact de prisonniers dans les geôles éthiopiennes n'est pas connu. Mais plus de 21.000 personnes, selon des chiffres officiels, ont été arrêtés dans le cadre de l'état d'urgence instauré entre octobre 2016 et août 2017, dont les deux-tiers ont ensuite été relâchées.
Les manifestations organisées avant l'instauration de l'état d'urgence étaient avant tout l'expression d'une frustration des Oromo (sud et ouest) et des Amhara (nord), les deux principales ethnies du pays, face à ce qu'ils perçoivent comme une sur-représentation de la minorité des Tigréens au sein de la coalition du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), qui règne sans partage depuis 1991.
Avec AFP