Ce professeur d'université de 60 ans a été interpellé à son retour de ce séjour en Europe "avec trois personnes de son entourage qui lui rendaient visite" et se trouve en détention dans un lieu "inconnu", a indiqué à l'AFP Beyene Petros, le président de Medrek, la principale plateforme d'opposition éthiopienne, dont l'OFC est une composante.
"C'est la première fois que (les autorités) s'en prennent au plus haut niveau de l'organisation. J'ai du mal à comprendre. Merera a toujours agi pacifiquement et selon les règles", a ajouté M. Petros.
M. Gudina avait vivement critiqué la répression de l'actuelle contestation anti-gouvernementale, sans précédent depuis 25 ans en Ethiopie et qui a déjà fait plusieurs centaines de morts, selon les organisations de défense des droits de l'Homme.
Cet opposant historique, emprisonné pendant plusieurs années sous la dictature communiste de Mengistu, croisait volontiers le fer avec les dirigeants éthiopiens sur les plateaux des télévisions étrangères, mais n'avait jamais été inquiété par le régime actuel.
Il attribuait sa liberté de parole à un rôle de "caution d'opposition" face à la domination sans partage du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), au pouvoir depuis 25 ans.
Depuis l'état d'urgence décrété le 9 octobre, les autorités éthiopiennes procèdent à des arrestations massives, avec 11.607 personnes détenues dans les régions Oromo, Amhara et dans la capitale Addis Abeba, principaux foyers de contestation anti-gouvernementale, selon des chiffres officiels datant du 12 novembre.
Parmi les personnes interpellées figurent des dirigeants de petits partis d'opposition, dont Molla Wase, représentant de l'ethnie Agaw, des journalistes et au moins deux blogueurs du Collectif Zone 9, lesquels avaient déjà été emprisonnés pendant 539 jours au titre de la loi antiterroriste éthiopienne avant d'être libérés en octobre 2015.
L'un de ces blogueurs, Befekadu Hailu, est toujours en detention.
Les autorités éthiopiennes avaient indiqué le mois dernier avoir libéré au moins 2.000 personnes arrêtées pour avoir participé à des manifestations anti-gouvernementales, et ce après les avoir fait suivre un programme de "rééducation" et de "conseils".
Avec AFP