Haroun est accusé "d'obstruction" à la circulation dans le tunnel, une infraction passible de deux ans d'emprisonnement.
Détenu, il a comparu par visioconférence devant un tribunal de Canterbury (Kent, sud-est de l'Angleterre) lors d'une audience préliminaire.
Cheveux courts et tee-shirt gris, l'homme apparaît totalement désemparé. Après avoir fui son pays, risqué sa vie en arpentant le tunnel, il semble être en train de comprendre qu'il lui faut encore affronter une épreuve: se défendre devant un système judiciaire dont il ignore tout.
A la question de la juge Adele Williams, "Êtes-vous coupable ou non coupable?", le prévenu, s'exprimant en arabe via une interprète, répond "non coupable".
La magistrate enchaîne rapidement, déjà prête à passer au dossier suivant: "le prévenu restera en détention" jusqu'à la prochaine audience, le 9 novembre, dit-elle, avant un éventuel procès, le 4 janvier.
Haroun reste perplexe, comme s'il n'avait pas bien compris, la faute peut-être à une communication difficile avec son interprète, qui confie mal comprendre l'accent du Soudanais.
"Alors je vais rester en prison?", insiste-t-il, dépité. "J'en ai bien peur", répond du tac au tac la juge.
A l'audience, son avocat, Nicholas Jones, a fait valoir que l'accusation d'obstruction était infondée et il a réclamé que son client soit placé sous la protection de l'article 31 de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, dont le Royaume-Uni est signataire.
Ce texte prévoit notamment que les '' États contractants n'appliqueront pas de sanctions pénales, du fait de leur entrée ou de leur séjour irréguliers, aux réfugiés qui, arrivant directement du territoire où leur vie ou leur liberté était menacée au sens prévu par l'article premier, entrent ou se trouvent sur leur territoire sans autorisation, sous la réserve qu'ils se présentent sans délai aux
autorités et leur exposent des raisons reconnues valables de leur entrée ou présence irrégulières".
Avec AFP