La Force conjointe de libération du delta du Niger (JNDLF) a menacé de s'en prendre "à toutes ces infrastructures qui ont été construites à travers le pays avec l'argent de nos ressources pétrolières", dont la présidence et plusieurs bâtiments officiels d'Abuja.
Ces menaces interviennent au moment où les Vengeurs du delta du Niger (NDA), un autre groupe qui a revendiqué plusieurs attaques contre des installations pétrolières, a appelé les rebelles à unir leurs forces tout en s'engageant à ne pas mener "d'actions qui mettraient des vies en danger".
Dans la liste des sites ciblés, on trouve la présidence, les ministères, le parlement, le siège de la compagnie pétrolière nationale (NNPC) et la banque centrale à Abuja, la capitale, ainsi que les sièges des grands groupes pétroliers étrangers et des installations de l'armée.
"Nous allons faire souffrir le gouvernement et les compagnies pétrolières, tout comme ils ont fait souffrir la population de la région du delta du Niger au fil des années (...) avec la pollution de l'environnement" a déclaré le "conseil révolutionnaire" du JNDLF dans un communiqué.
Plusieurs installations pétrolières, concentrées dans cette région, ont été attaquées ces dernières semaines. La plupart de ces attaques ont été revendiquées par le NDA, un groupe aux intentions clairement séparatistes, qui dit militer pour une meilleure répartition des revenus de l'or noir au Nigeria.
Le président Muhammadu Buhari a ordonné un dispositif de sécurité renforcé dans le Delta, pour tenter de contrer ces attaques, qui ont fait chuter la production de pétrole du Nigeria à 1,4 million de barils par jour, bien en-deça des 2,2 millions prévus au budget 2016.
Mais pour son prédécesseur Goodluck Jonathan, un membre de l'ethnie Ijaw, de l'Etat de Bayelsa, en plein coeur de cette région, la force n'est pas la solution.
Engager un bras de fer avec les rebelles du delta du Niger "est trop délicat", selon l'ancien président, interrogé par l'agence Bloomberg depuis Londres.
"Cela engendrerait des dommages trop importants à gérer pour le gouvernement. Nous avions opté pour le dialogue", a-t-il poursuivi, faisant référence à l'accord d'amnistie signé avec les ex-rebelles du Delta du Niger (MEND) au terme d'une intense période de violence dans la région en 2009, quand il était vice-président.
Le président Buhari, à tête du Nigeria depuis un an, a annoncé qu'il mettrait fin à ce programme d'amnestie qui concerne 30.000 ex-rebelles, ainsi que des aides financières qui l'accompagnent, d'ici 2018. Ces déclarations ont coïncidé avec la recrudescence des sabotages et la naissance des NDA.
Les NDA se défendent d'être pacifistes et ont nié toute implication dans l'attaque d'un bateau de la NNPC, qui a coûté la vie à quatre soldats et deux employés la semaine dernière.
Les NDA ont appelé samedi sur son site Internet "tous les groupes (rebelles) de la région à être forts et déterminés" mais à "s'abstenir de toute action mettant des vies en danger".
Pour les NDA, "la guerre" doit être concentrée "contre les installations pétrolières": "Nous décourageons tous les groupes qui tomberaient dans le harcèlement des travailleurs pétroliers et des soldats (...) les groupes armés de missiles anti-aériens feraient mieux de baisser les armes".
La nouvelle JNDLF affirme, elle, être équipée de "missiles" et avoir l'intention de s'en prendre aux soldats chargés de la protection des infrastructures stratégiques de cette région.
Avec AFP