Un opposant en exil de nouveau interdit d'entrée sur le territoire au Rwanda

Le président Paul Kagame en entretient avec son homologue rwandais Pierre Nkurunziza, le 5 avril 2011.

Un opposant rwandais, exilé en France depuis 2005 et qui souhaitait se rendre lundi à Kigali afin de présenter sa candidature à la prochaine présidentielle face au président Paul Kagame, a été interdit d'entrée dans le pays, a-t-on appris auprès de l'intéressé et des autorités rwandaises.

Thomas Nahimana, qui avait assuré une première fois en novembre avoir été refoulé par l'immigration rwandaise, devait gagner Kigali lundi soir. Il souhaitait enregistrer son parti Ishema, pour pouvoir se présenter à la présidentielle d'août 2017.

Mais alors qu'il s'apprêtait à embarquer à Bruxelles dans un avion de Brussels Airways, la compagnie lui a remis une lettre de la Direction générale de l'immigration rwandaise qui demandait à "toutes les compagnies" desservant Kigali de ne pas le prendre comme passager, a-t-il expliqué par téléphone à l'AFP.

La Direction générale de l'immigration rwandaise a ensuite confirmé dans un communiqué avoir alerté les compagnies aériennes "de problèmes concernant (son) statut de voyageur", évoquant une "procédure de routine".

Celle-ci assure qu'il "est bienvenu au Rwanda, comme n'importe quel autre citoyen", mais lui reproche d'avoir "demandé un visa en tant que citoyen français alors qu'il était aussi en possession d'un passeport rwandais expiré" et de ne pas l'avoir avertie de sa double nationalité.

Thomas Nahimana a affirmé que l'ambassade du Rwanda en France n'avait pas donné suite à sa demande de renouvellement de passeport rwandais, et qu'il voyageait avec un passeport français doté d'un visa tourisme de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Est.

L'opposant, dont le parti est animé par des personnes relativement jeunes et nouvellement venues en politique, avait déjà assuré le 23 novembre avoir été empêché de monter dans un avion de la compagnie Kenya Airways sur ordre des autorités rwandaises, alors qu'il se trouvait en transit à Nairobi au Kenya.

L'annonce du retour de l'ancien prêtre avait provoqué de vifs débats sur les réseaux sociaux au Rwanda, où il est notamment accusé d'avoir tenu sur son site internet des propos niant le génocide des Tutsi en 1994.

La Conférence des évêques catholiques du Rwanda avait déclaré qu'elle se désolidarisait de lui.

Même si la Constitution du Rwanda consacre le multipartisme, il n'existe pratiquement pas d'opposition à l'intérieur du pays, où le Front patriotique rwandais (FPR) du président Paul Kagame contrôle le pouvoir politique, social et économique.

M. Kagame est l'homme fort du pays depuis juillet 1994, lorsque le FPR avait mis fin au génocide qui, en 100 jours à partir d'avril 1994, a fait environ 800.000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsi.

Une réforme controversée de la Constitution adoptée en décembre 2016 a permis à M. Kagame de se représenter pour un nouveau mandat en 2017, et de potentiellement diriger le pays jusqu'en 2034.

Avec AFP