Deux opposants sud-soudanais risquent d'être expulsés du Kenya

Des Casques bleus au Soudan du sud (UNMISS) près de Juba, le 5 décembre 2016. (J. Craig/VOA)

Deux opposants et activistes sud-soudanais ont été arrêtés au Kenya et risquent d'être expulsés vers le Soudan du Sud, a affirmé mercredi leur avocat, les ONG de défense des droits de l'homme craignant qu'ils soient détenus arbitrairement et torturés une fois à Juba.

Dong Samuel Luak, un avocat et activiste des droits de l'Homme sud-soudanais ayant rejoint l'opposition de ce pays en guerre depuis décembre 2013, a été arrêté lundi par les autorités kényanes, a indiqué HRW dans un communiqué.

Ce dernier a déclaré mercredi à la presse, à Nairobi, ne pas savoir où les deux hommes sont retenus, ni pour quels motifs.

"Selon des sources fiables (...) ils risquent d'être déportés", a déclaré l'avocat. "Nous appelons le gouvernement (kényan, ndlr) à respecter ses engagements au regard des lois internationales" interdisant le renvoi de réfugiés vers un pays où leur vie pourrait être en danger.

Elizabeth Deng, de l'ONG Amnesty International, a affirmé lors de la même conférence de presse que les deux hommes risquent d'être "détenus arbitrairement, maltraités et torturés" s'ils sont renvoyés au Soudan du Sud.

"Ces dernières années, le Kenya a déporté illégalement plusieurs membres importants de l'opposition de pays voisins vers leur pays d'origine, malgré leur statut de réfugiés au regard de la loi kényane", a pour sa part rappelé Human Rights Watch. "Les autorités kényanes doivent respecter leurs obligations au regard des lois kényanes et internationales".

Début novembre, le Kenya avait expulsé un porte-parole du leader de l'opposition Riek Machar, James Gatdet Dak, qui "se trouve en détention depuis lors, sans inculpation, aux quartiers-généraux des Services de sécurité sud-soudanais", selon HRW.

Dong Samuel Luak a été de 2002 à 2013 secrétaire général d'une ONG sud-soudanaise promouvant la justice, les droits de l'homme et l'Etat de droit. M. Luak avait ensuite fui vers le Kenya en août 2013. Il avait fait l'objet de menaces de mort après avoir défendu un ancien responsable du parti au pouvoir accusé de trahison par le gouvernement sud-soudanais.

En octobre 2015, il avait été attaqué à son domicile à Nairobi par des hommes qui seraient, selon HRW, liés aux services de sécurité sud-soudanais.

Indépendant depuis 2011, le Soudan du Sud a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile ayant fait des dizaines de milliers de morts et plus de 3 millions de déplacés. Les deux camps sont accusés d'avoir commis des atrocités sur des lignes ethniques, dont des meurtres et des viols.