Un plan parallèle de paix pour l'Ukraine remis à un proche de Trump

Michael Cohen, le conseiller de Donald Trump à la Trump Tower, à New York, le 16 décembre 2016.

L'avocat personnel de Donald Trump a remis à l'un des proches collaborateurs du président américain un projet de plan de paix pour l'Ukraine élaboré par des personnes qui ne sont pas des diplomates.

A Moscou, le Kremlin a indiqué ne pas être au courant d'un tel plan et a qualifié d'"absurde" l'un de ses points qui prévoit la location de la Crimée pendant 50 ou 100 ans par la Russie.

D'après le quotidien américain le New York Times, ce plan a été transmis par Michael Cohen, avocat et homme de confiance de M. Trump, à Michael Flynn, alors conseiller du président à la sécurité nationale, qui a depuis démissionné pour des contacts inappropriés avec l'ambassadeur russe à Washington.

Le plan présumé décrit la possibilité de lever les sanctions contre la Russie en contrepartie d'un retrait des troupes russes de l'est de l'Ukraine.

Il prévoit aussi, entre autres mesures, un référendum ukrainien sur la location de la Crimée pendant 50 ou 100 ans à la Russie, d'après le New York Times.

Cependant, rien ne dit que M. Flynn a lu le texte, ni encore moins que ce plan a été présenté au président américain.

Interrogé, le Kremlin a indiqué ne pas être au courant d'une telle initiative. Et a insisté sur le respect des accords de paix déjà existants.

"Primo, nous ne savons rien concernant de tels plans, secundo, nous comprenons que les accords de Minsk n'ont pas d'alternative, tertio, comment la Russie peut-elle louer sa propre région? Même cette question est absurde!" a déclaré lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a souligné qu'il "est impossible de se louer à soi-même" un territoire tel que la Crimée.

"Beaucoup de personnes souhaitent détourner l'attention de l'incapacité de l'administration (du président ukrainien Petro) Porochenko à remplir ses obligations inscrites dans les accords de Minsk" signés en 2015, a-t-il dénoncé lors d'une conférence de presse à Moscou.

"Les tentatives de réécrire les règles du jeu vont continuer", a prévenu le ministre, affirmant que "une alternative (aux accords de Minsk) n'existe pas".

Selon le New York Times, le document a été élaboré par Michael Cohen, Felix Sater, un homme d'affaire qui a aidé M. Trump à conclure des affaires en Russie, et Andrii Artemenko, un député ukrainien, qui "affirme détenir des preuves d'une corruption du président ukrainien Petro Porochenko" qui "pourraient aider à le chasser du pouvoir".

"Et M. Artemenko a déclaré qu'il avait reçu pour ses projets des encouragements de proches collaborateurs de M. Poutine", le président russe, ajoute le journal.

"Beaucoup de gens vont dire que je suis un agent russe, un agent américain, un agent de la CIA", a déclaré de son côté M. Artemenko au New York Times. "Mais comment peut-on trouver une bonne solution entre nos pays si on ne parle pas ?"

Interrogé par écrit par le New York Times, l'ambassadeur d'Ukraine à Washington, Valeriy Chaly, s'est prononcé contre une telle initiative. "C'est une violation grossière de la Constitution" ukrainienne, a-t-il répondu. "De telles idées ne peuvent être lancées ou avancées que par des personnes qui représentent ouvertement ou secrètement les intérêts russes".

L'Ukraine est depuis près de trois ans le théâtre d'un conflit qui a fait près de 10.000 morts entre les forces gouvernementales et les séparatistes prorusses qui sont, selon Kiev et les Occidentaux, soutenus militairement par la Russie, ce que Moscou dément.