"Oh mon Dieu, ne me dites pas qu'il est mort, ne me dites pas que mon petit ami s'en est allé juste comme ça (...) Vous lui avez tiré quatre balles dessus, monsieur", déclare une femme, identifiée comme Lavish Reynolds, dans cette vidéo qu'elle a filmée avec son téléphone portable.
La vidéo, diffusée en direct sur Facebook Live avait déjà été vue jeudi matin plus d'2,1 millions de fois.
A côté d'elle dans le véhicule, on peut voir son compagnon agonisant, Philando Castile, un employé d'une cantine scolaire de 32 ans, atteint au bras et son t-shirt maculé de sang.
La femme explique que le policier, qui procédait à un contrôle routier, a tiré sur son ami alors qu'il cherchait ses papiers d'identité.
Selon elle, Philando Castile avait prévenu le policier qu'il possédait une arme, pour laquelle il avait un permis.
Une page Facebook créée par des soutiens, nommée "Justice pour Philando Castile", a publié: "Philando Castile a été tué par la police le 7 juin 2016. Nous demandons justice!".
"On nous pourchasse. Tous les jours", a déclaré sa mère Valerie Castile sur la chaîne CNN.
La police a confirmé pour sa part la mort d'un homme tard mercredi après un contrôle routier dans cette ville du Minnesota (nord), Falcon Heights.
Dans un entretien avec VOA Afrique, l'ancien chef de la police au nord de Miami en Floride Marc Elias a qualifié les deux meurtres de "triste".
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Une "tragédie" pour Hillary Clinton
Cette affaire fait suite un autre homicide qui s'est produit mardi en Louisiane (sud) et a pris une ampleur nationale grâce à des images et une vidéo diffusées sur internet.
Les autorités américaines ont lancé mercredi une enquête fédérale sur l'homicide par balle d'Alton Sterling, un Noir de 37 ans, dans l'Etat de Louisiane.
D'après une vidéo amateur, qui ne montre pas toute la séquence des faits, ce vendeur à la sauvette semble refuser d'obtempérer aux agents, qui lui ordonnent de se mettre au sol. L'un des policiers le plaque alors, son collègue l'aidant à tenter de le maîtriser par terre.
"Il est armé!", entend-on quelqu'un crier. Les deux policiers dégainent alors leur arme et plusieurs détonations retentissent, avec un intervalle. M. Sterling apparaît avoir été touché à bout portant.
Sur une seconde vidéo apparue plus tard, filmée sous un autre angle, Alton Sterling est vu saignant abondamment du thorax, un des deux policiers retirant de la poche de son short ce qui pourrait être une arme.
Selon le journal local The Advocate, des dizaines de personnes se sont rassemblées mercredi soir à Baton Rouge, capitale de la Louisiane, pour allumer des bougies sur les lieux de la mort d'Alton Sterling, qui vendait des CD sur le parking d'un centre commercial.
Ce père de cinq enfants y était connu sous le surnom de "CD man".
"Le principal organe chargé de l'enquête sera la division des droits civiques du ministère de la Justice", a annoncé aux médias John Bel Edwards, le gouverneur de cet Etat méridional.
Se disant "profondément préoccupé", M. Edwards a appelé au calme alors que plusieurs métropoles américaines, comme Baltimore et Ferguson, ont été le théâtre d'émeutes après de tels drames.
La Maison Blanche a d'ailleurs proposé son aide, a indiqué Kip Holden, le maire de Baton Rouge.
"A l'arrivée des policiers, Sterling était armé et l'altercation qui a suivi s'est conclue par la perte de sa vie", a déclaré Carl Dabadie, le chef de la police locale.
Il s'exprimait quelques heures après une autre conférence de presse empreinte d'émotion des membres de la famille d'Alton Sterling. Ils ont affiché leur unité et exigé des comptes.
L'un des enfants d'Alton Sterling, Cameron, 15 ans, a éclaté en sanglots tandis que sa mère, Quinyetta McMillon parlait au micro.
"Nous continuerons jusqu'à ce que justice soit faite", a-t-elle lancé. "J'appelle quiconque avec assez de courage dans cette ville à aller arrêter ces deux agents. Si le système est le même pour tous, il doit l'être aussi pour eux".
La candidate démocrate à la Maison Blanche, Hillary Clinton, a regretté une "tragédie". "Il y a un vrai problème lorsque tant d'Américains ont des raisons de croire que notre pays ne considère pas qu'ils ont autant de valeur que d'autres à cause de la couleur de leur peau".
Avec AFP