Un procès pour comprendre la radicalisation de l'auteur de l'attentat au camion-bélier de Stockholm

Ouverture du procès de Rakhmat Akilov, devant le tribunal de Stockholm, le 13 février 2018.

Le procès de l'attentat au camion-bélier qui a fait cinq morts en avril 2017 à Stockholm s'est ouvert mardi en présence de l'accusé, un demandeur d'asile ouzbek qui a échoué à mourir en "martyr" et dont l'interrogatoire doit permettre, selon le parquet, de mieux comprendre son processus de radicalisation.

Rakhmat Akilov avait prêté allégeance au groupe État islamique (EI) mais l'organisation jihadiste n'a jamais émis de revendication et l'un des enjeux de ce procès inédit dans le pays scandinave sera de déterminer s'il a bénéficié de complicités.

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A la veille de son 40ème anniversaire, l'accusé a été introduit menotté dans une salle sécurisée du tribunal de Stockholm, portant veste polaire et pantalon verts, cheveux courts, le visage ceint d'une barbe, accompagné de son avocat et d'un interprète.

Le vendredi 7 avril 2017, Rakhmat Akilov avait lancé un camion de livraison volé sur la foule d'une rue piétonne et commerçante très fréquentée de Stockholm, à une heure de forte affluence.

Trois Suédoises dont une fillette de 11 ans, un Britannique et une Belge avaient été tués, dix autres passants blessés.

Le ministère public entend requérir la perpétuité pour acte terroriste et tentative d'acte terroriste, suivie de son expulsion définitive du territoire.

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A l'issue de la première journée d'audience, le procureur Hans Ihrman a estimé que le procès devait permettre de mieux comprendre "le processus de radicalisation" de ces assaillants en devenir qui "sont marginalisés dans un pays étranger" et qui s'en prennent à des "cibles symboliques".

Le projet d'Akilov "s'intègre dans un cadre plus large" du terrorisme jihadiste, selon lui.

Dès l'ouverture des débats mardi matin, son défenseur a fait savoir que Rakhmat Akilov reconnaissait les faits.

Il "a volé le camion et l'a conduit" sur près de 500 mètres, à une moyenne de 60 km/h, dans le dessein "de contraindre la Suède à suspendre sa participation à la coalition contre l'Etat islamique", a déclaré Johan Eriksson.

- Acte prémédité -

Le tribunal a diffusé des vidéos amateurs filmées juste après l'attaque montrant les passants paniqués, et un corps tiré au sol après que le camion eut terminé sa course dans la vitrine d'un grand magasin.

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Akilov avait ensuite fait détoner une charge explosive composée de cinq bouteilles de gaz et de clous dans la cabine du véhicule. Il avait pensé mourir dans la déflagration mais le dispositif n'avait provoqué que des dégâts matériels.

Il s'était engouffré dans une station de métro pour être arrêté quelques heures plus tard au nord de Stockholm.

Seul mis en cause par la justice suédoise à ce stade, Rakhmat Akilov, qui appartient à la minorité tadjik d'Ouzbékistan, avait eu plusieurs contacts sur des messageries cryptées avant, pendant et après l'attentat avec des personnes non identifiées, utilisant des noms arabes.

L'accusation a présenté mardi la liste de ces conversations sur les services WhatsApp, Telegram, Facebook et Zello, qui apportent les preuves irréfutables de la préméditation.

- Synagogue et "club gay" -

"Grâce à Dieu je travaille, je mets de l'argent de côté et si Dieu le veut je mènerai l'opération martyre", écrit-il le 19 janvier à un certain "Abu Salmon". Le 30 du même mois, il présente à un "Muhammad Miskin" une liste de cibles potentielles à Stockholm, parmi lesquelles une synagogue, un ferry transportant des "pécheurs", une boîte de nuit. "Il y a plein d'infidèles ici", conclut-il.

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Le 12 février, il tape le mot-clé "club gay à Stockholm" sur le moteur de recherche Google. A plusieurs reprises, il évoquera sa volonté de s'en prendre "aux pédés et aux lesbiennes", notamment lors du défilé du 1er mai.

Les yeux rougis, le visage dans les mains, rescapés et familles des victimes suivent l'audience dans une salle adjacente où les débats sont retransmis sur écran.

Après une pause à la mi-journée, l'audience a repris avec la diffusion d'images de vidéosurveillance sur lesquelles Rakhmat Akilov effectue, selon le parquet, des missions de reconnaissance des lieux de l'attentat quelques jours ou semaines auparavant.

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On le voit également faire l'acquisition de produits chimiques entrant dans la composition d'explosifs artisanaux. Puis est diffusée une vidéo saisie sur son portable dans laquelle il jure allégeance, en arabe, au groupe EI.

L'accusé a assuré dans ses contacts sur les messageries cryptées avoir voulu entrer en Syrie fin novembre 2014, sans succès. Il doit s'exprimer à partir du 20 février. Le verdict est attendu en juin.

Avec AFP