"Nous sommes inquiets de la surpopulation et la détention prolongée qui représentent un risque immédiat pour la santé et la sécurité des agents et officiers du DHS ainsi que des détenus", indique dans un rapport l'Inspection générale du ministère, un organisme de surveillance interne.
Des membres du ministère ont visité en juin cinq centre de rétention situés près de la frontière mexicaine, qui connaît ces derniers mois un afflux massif de migrants tentant d'entrer illégalement sur le territoire américain.
En mai, 144.000 personnes ont été arrêtées et placées en détention par la police aux frontières (CBP). Mais les places manquent dans ces structures ainsi que dans les centres d'accueil où les mineurs et les familles sont normalement transférés.
Lire aussi : La question de la nationalité définitivement exclue du recensement américain de 2020Certains mineurs non accompagnés âgés de moins de sept ans attendaient leur transfert depuis plus de deux semaines, alors que ces enfants doivent normalement être remis à leur famille ou pris en charge par des agences gouvernementales dans les 72 heures, indique le rapport.
Les enquêteurs évoquent le manque d'accès à une douche, de repas chauds ou de vêtements de rechange, des conditions de détention qui ne répondent pas aux normes du ministère.
Des photos montrent des détenus entassés dans des cellules bondées ou des salles séparées par des grillages, certains portant des masques sur la bouche.
- "Bombe à retardement" -
Plusieurs candidats à l'investiture démocrate pour la présidentielle de 2020 se sont insurgés des conditions décrites par le rapport.
"Aucun être humain ne mérite d'être traité ainsi", a écrit sur Twitter Kamala Harris, deuxième dans les sondages. Les responsables des centres de détention ne respectent pas "les droits humains basiques", s'est indigné le sénateur indépendant Bernie Sanders.
"Ignoble", a pour sa part réagi la sénatrice progressiste Elizabeth Warren. "Des êtres humains sont parqués comme des animaux actuellement dans notre pays."
Pour un responsable de centre, cité dans le rapport, la situation est une "bombe à retardement". Plusieurs incidents ont déjà eu lieu entre les détenus.
Ces centres de rétention "n'ont jamais été faits pour gérer le volume de migrants qui nous arrivent", a expliqué mardi sur CNN Robert Perez, chef-adjoint de l'agence de surveillance des frontières.
La publication de ce rapport intervient au lendemain d'une visite au Texas de parlementaires démocrates dans des centres de rétention à El Paso et Clint, deux villes frontalières du Mexique. Les conditions de vie dans un centre de Clint avaient déjà été dénoncées par l'ONG Human Rights Watch la semaine dernière. Il accueillait alors 300 mineurs isolés depuis transférés.
Le chef de la délégation parlementaire, Joaquin Castro, a notamment évoqué devant la presse des cellules pour femmes "sans eau courante" où les détenues devaient "boire l'eau des toilettes".
Dans une vidéo filmée en cachette dans une cellule commune sans lit, le parlementaire montre ces femmes dans des sacs de couchage, lui expliquant qu'elles sont privées de douches et n'ont pas accès aux médicaments.
Le site d'information indépendant ProPublica a par ailleurs révélé lundi l'existence d'un groupe Facebook où des agents de la police aux frontières échangent moqueries et insultes sur les migrants et les parlementaires opposés à la politique migratoire de Donald Trump.
La patronne de l'agence, Carla Provost, a dénoncé des messages "complètement inappropriés" et "contraires à l'honneur et à l'éthique" de ses agents. Le service fédéral de protection des frontières a annoncé une enquête.
- Moqueries et insultes -
Donald Trump a décrété au printemps 2018 la "tolérance zéro" contre l'immigration. Il a entre autres promis de faire cesser la pratique dite du "catch and release" (attrape et libère), qui permet aux migrants d'être relâchés sur le sol américain le temps de l'examen de leur dossier de demande d'asile.
Un tribunal fédéral de Seattle a toutefois jugé mardi que son gouvernement ne pouvait pas maintenir en détention les demandeurs d'asile ayant franchi illégalement la frontière sans leur donner une chance d'être libérés sous caution. Un arrêté pris en avril ordonnait de ne plus autoriser ces demandes de libération.
Cette décision intervient après une semaine marquée par des drames à la frontière.
La photo des corps d'un migrant et de sa fille en bas âge gisant au bord du Rio Grande a choqué l'opinion tout en venant rappeler les dangers encourus lors de la traversée de la frontière.
Pour faire face à la crise migratoire, le Congrès a approuvé la semaine dernière en urgence une enveloppe de 4,6 milliards de dollars. Elle prévoit des financements pour l'accueil des mineurs mais aussi pour le contrôle de la frontière.
Avec AFO