Seize ans après l'invasion du pays par les Etats-Unis et malgré les 70 milliards de dollars injectés pour y bâtir des forces de sécurité capables de prendre le relais de la présence américaine, l'Afghanistan reste plus que jamais en proie à l'insurrection talibane.
Pour le chef du Sigar, John Sopko, les Etats-Unis n'étaient pas préparés pour l'immense défi sécuritaire afghan. Dans un discours prononcé devant un centre de réflexion de Washington, il a affirmé que son pays ne disposait même pas d'une unité spécifique chargée de la formation en environnement hostile, déléguant de facto le travail aux militaires.
"L'un des officiers a regardé des séries télé comme NCIS (...) pour savoir ce qu'il devait enseigner", s'est attristé M. Sopko au Center for Strategic and International studies, d'après un discours envoyé à la presse.
"Dans l'est de l'Afghanistan, nous avons rencontré un pilote d'hélicoptère de l'armée américaine chargé de l'enseignement du maintien de l'ordre", a-t-il aussi déploré. Et certaines sessions d'entraînement s'appuyaient sur des PowerPoint hérités des opérations de l'Otan... dans les Balkans.
"Les présentations étaient non seulement d'une pertinence contestable pour l'Afghanistan, mais omettaient également le fort taux d'illettrisme dans la police", a insisté John Sopko.
Le président Donald Trump a annoncé le mois dernier une nouvelle stratégie américaine en Afghanistan, avec notamment l'envoi de 3.000 militaires supplémentaires pour renforcer la formation et le conseil aux forces afghanes.
De nombreux observateurs se sont montrés sceptiques quant à l'efficacité de ces troupes, alors que 100.000 soldats américains se trouvaient dans le pays au plus fort de l'intervention des Etats-Unis.
Pour John Sopko, les Américains ne sont toutefois pas les seuls à blâmer, et les institutions afghanes ont leur part de responsabilité. La police et l'armée locales ont officiellement pris le relais en 2015 des militaires de l'Otan.
Le résultat, pour le moment, a tout d'une hécatombe: 6.785 soldats et policiers afghans ont été tués entre le 1er janvier et le 12 novembre 2016, et 11.777 autres ont été blessés.
Même avec des chiffres partiels pour 2016, le nombre des victimes a augmenté d'environ 35% depuis 2015, quand quelque 5.000 membres des forces de sécurités locales avaient été abattus.
Avec AFP