Du carton jeté aux sculptures captivantes, le travail de l'artiste gabonais Eddy Heindrickx Mayombo transcende le banal, insufflant une nouvelle vie à ce que la plupart des gens considèrent comme des déchets, grâce à sa technique de pliage complexe, semblable à l'origami.
"(…) C'est une œuvre magnifique entièrement en carton. Il a fallu plier et froisser un peu plus de 2 800 feuilles de papier comme celle que vous voyez en ce moment. Il faut neuf plis sur une feuille comme celle-ci. Il en faut près de 3000 pour construire une œuvre", explique Eddy Heindrickx Mayombo.
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Sous les mains de cet artiste, les emballages jetés, les journaux et même les canettes de soda deviennent les éléments constitutifs de ses sculptures vibrantes. Ses œuvres d'art défendent également l’environnement.
"Le papier est comme tous les autres matériaux qui sont considérés comme des déchets. Et déjà le terme de déchet est souvent un terme qui est, enfin, utilisé à tort, parce que c'est juste des ressources dont on a du mal à saisir l'importance, comme le plastique, comme les canettes de soda aujourd'hui, qui sont omniprésentes et qui polluent notre environnement. C'est pour moi un clin d'œil à la protection de l'environnement", affirme Heindrickx Mayombo.
Le parcours artistique d’Eddy Mayombo a commencé il y a plusieurs années, lorsqu’une religieuse brésilienne, Inacia Donsatos, qui rendait visite à sa famille, a remarqué sa fascination pour le papier et l'a initié à l'art du pliage inspiré de l'origami. Cette étincelle a déclenché une passion qui l'a conduit à affiner la technique et à l'appliquer à divers matériaux.
"Elle m'a enseigné la technique du pliage et, à partir de là, je l'ai développée, j'y ai apporté ma propre touche et je l'ai adaptée à mon inspiration. Aujourd'hui, je peux faire beaucoup de choses, des lampes, des sculptures, des pièces de design, des fantaisies, etc", reconnait l'artiste.
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Le résultat est impressionnant. Ses œuvres ornent des galleries à Libreville, l'Institut français, et des bureaux du gouvernement. Edwige Sauzon-Bouit, directrice de l'institut français du Gabon, est admiratrice.
"C'est effectivement très impressionnant. Il incorpore une technique de pliage ancestrale, faisant référence aux méthodes asiatiques. Et il y a aussi quelque chose de très contemporain, qui est la question du recyclage du papier. Donc il y a aussi une considération environnementale", reconnait-elle.
Les expositions de Mayombo ont captivé des publics au Sénégal, au Burkina Faso et même en Occident.
"Vraiment, les objets qu'Eddy fait sont magnifiques. J'en ai déjà choisi deux et j'invite tout le monde à venir dans cette galerie éphémère pour choisir sa pièce", lance Sidy Fofana, acheteur d'art.
Eddy Mayombo rêve de participer à davantage d'expositions à l'étranger, et intéresser le public gabonais et africain à son travail. Il espère ouvrir un atelier mieux équipé où il pourra travailler avec des jeunes.
"J'aimerais avoir un atelier équipé de toutes les commodités, avec beaucoup plus d'espace pour travailler avec d'autres jeunes, d'autres curieux, pour découvrir mon univers et me suivre dans mon voyage, dans mon aventure. Et j'aimerais participer, voire m'exporter, pour participer, par exemple, à des festivals, des expositions, et d'autres événements à l'extérieur de mon pays et me faire connaître, et faire connaître ma technique au plus grand nombre", souhaite M. Mayombo.
Pour l'instant, Mayombo continue à plisser et à replier. Le rythme de ses mouvements, dit-il, lui apporte la paix.
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