Un suspect arrêté pour le meurtre d'un médecin dans l'Est de la RDC

Des patientes admises à l'hôpital Panzi du Dr Denis Mukwege, près de Bukavu, RDC, le 11 juin 2005.

La police affirme avoir arrêté un suspect en lien avec le meurtre d'un médecin proche du Dr Denis Mukwege, chirurgien réputé pour son aide aux femmes violées, dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC).

"Un suspect répondant au nom de Butune Emmanuel est en garde à vue depuis hier" (mercredi) en relation avec le meurtre du Dr Gildo Byamungu, a déclaré à l'AFP Linda Maregane, porte-parole du chef de la police de la province du Sud-Kivu.

Directeur d'hôpital à Uvira, ville du Sud-Kivu frontalière du Burundi à la pointe nord du lac Tanganyika, le Dr Byamungu est décédé vendredi de ses blessures après avoir été atteint par balles à son domicile par des inconnus.

Interrogée sur les raisons qui auraient poussé à retirer quelques jours plus tôt au médecin l'équipe de policiers qui étaient commis à sa garde, Mme Maregane n'a pas souhaité répondre.

"Les quelques éléments d'enquête recueillis jusque-là sont [que] certains médecins collègues du défunt" ont été mis en cause pour avoir exprimé "par écrit et par média [interposé] du vivant de la victime" des sentiments de "haine tribalo-ethnique" à son encontre, a déclaré Mme Maregane.

Dans une déclaration publiée sur le site internet de l'Ambassade de France à Kinshasa, le Quai d'Orsay a qualifié jeudi d'"assassinat" le meurtre du Dr Byamungu, dont elle a salué "avec émotion la mémoire" d'un homme "engagé aux côtés du Dr Mukwege au sein de son hôpital à Bukavu". Paris a exhorté les autorités congolaises "à faire toute la lumière" sur ce drame.

Directeur de l'hôpital de Panzi qu'il a créé à Bukavu, capitale du Sud-Kivu, le Dr Mukwege a reçu de nombreux prix à l'étranger pour son action en faveur des femmes violées dans l'Est de la RDC.

Son établissement aide à la reconstruction physique et physiologique des femmes victimes de viols accompagnés de violences sauvages commis à grande échelle au Nord et au Sud-Kivu, d'abord pendant la deuxième guerre du Congo (1998-2003) puis au cours des différents conflits armés qui continuent de déchirer la région.

En 2012, le Dr Mukwege avait échappé de peu à une tentative d'assassinat à son domicile et s'était réfugié quelques mois en Suède avec sa famille. Revenu à Panzi à la demande de ses patientes, il bénéficie depuis lors de la protection de Casques bleus de la Mission de l'ONU au Congo (Monusco) et vit cloîtré dans son hôpital quand il ne voyage pas à l'étranger pour y lever des fonds.

Avec AFP