Arrêtée le 21 août sur l'île de Lesbos, en mer Egée, où elle aidait les réfugiés au sein d'une ONG, la jeune femme de 23 ans a été placée en détention provisoire à la prison athénienne de Korydallos, a précisé son avocat, Haris Petsikos.
Son cas a été rendu public mardi par le site grec Protagon, après l'annonce par la police du démantèlement d'un "réseau criminel" d'aide à l'immigration irrégulière, impliquant au total 30 membres de l'ONG ERCI (Emergency response centre international) déployée à Lesbos.
La jeune femme, et un autre volontaire, le germano-irlandais Sean Binder, arrêté avec elle et placé en détention sur l'île de Chios, près de Lesbos, "rejettent toutes les charges" qui les visent, a déclaré Me Petsikos.
Ils ont notamment été inculpés des crimes de "participation à une organisation criminelle", "violation de secrets d'Etat" et "recel", passibles de la réclusion à perpétuité, a-t-il précisé.
Le troisième membre de l'ONG arrêté, un de ses dirigeants, le Grec Nassos Karakitsos, devait lui être présenté dans la journée au juge d'instruction.
- 'Criminalisation' de la solidarité -
"Pour moi, il s'agit clairement d'un cas de criminalisation de l'aide aux réfugiés", a commenté Me Petsikos. Il a relevé que ses deux clients étaient absents de Grèce à plusieurs dates où des faits leur sont reprochés.
Lire aussi : Des centaines de réfugiés syriens quittent le Liban pour rentrer en SyrieL'avocat a déposé mercredi une demande de remise en liberté de Sarah, qui vit en Allemagne avec sa famille et y est boursière au collège Bard de Berlin en première année de sciences économiques et sociales.
"Sarah est profondément idéaliste et engagée dans l'aide aux réfugiés, c'est cela sa motivation", et "la priorité est de la faire sortir de prison" a réagi le directeur de Bard, Florian Becker.
Il a jugé son placement en détention "disproportionné par rapport à la qualité des charges" retenues contre elle, qui "incluent beaucoup d'erreurs factuelles".
Ces charges "sans fondement semblent surtout avoir pour but de stopper les opérations de l'ONG" mise en cause, a-t-il ajouté.
Selon la police, les membres impliqués de l'ONG offraient "un concours direct aux réseaux organisés de trafic de migrants", en s'informant à l'avance des arrivées sur les îles et en organisant l'accueil des exilés mais sans transmettre leurs informations aux autorités.
Elles recherchaient ainsi "un gain financier via des donations à l'ONG", a précisé la police dans un communiqué.
Lire aussi : Une ONG grecque dénonce les refoulements "illégaux" de réfugiés vers la TurquieSarah et sa sœur, Yusra, étaient devenues célèbres pour avoir mené à bon port, grâce à leurs compétences de nageuses, le bateau en difficulté qui les amenait de Turquie à Lesbos en août 2015, avec 18 autres personnes à bord.
Yusra a participé aux jeux Olympiques de Rio en 2016 dans l'équipe des athlètes réfugiés et elle est depuis 2017 ambassadrice de bonne volonté du Haut-Commissariat aux Réfugiés de l'ONU.
L'entraîneur allemand de Yusra, Sven Spannekrebs, a également apporté son soutien à Sarah. Elle et Sean Binder sont "des bénévoles de longue date de l'ONG ERCI et n'ont jamais pris part à des activités illégales", a-t-il affirmé à l'AFP.
Les autorités grecques avaient déjà accusé trois Espagnols et deux Danois d'avoir contribué à l'entrée irrégulière de migrants à Lesbos par leur action au sein de l'ONG espagnole Proem-Aid mais ces volontaires avaient été relaxés en mai à l'issue d'un procès très suivi par le monde humanitaire.
Plus de 10.000 exilés restent parqués dans des conditions dénoncées comme indignes par les ONG à Lesbos, par où avait transité le plus gros de l'exode du Moyen-Orient vers l'Europe en 2015 et 2016.
Avec AFP