Une femme tuée dans une "attaque" contre un camp de déplacés au Darfour

Amnesty international appelle les autorités soudanaises à diligenter une enquête sur l'attaque meurtrière d’une milice pro-gouvernementale contre un camp de personnes déplacées internes au Darfour, 22 mai 2018. (Twitter/Amnesty international)

Une femme a été tuée dans une "attaque" menée par une milice proche du gouvernement soudanais contre un camp de déplacés au Darfour, a indiqué mardi Amnesty International, les autorités assurant qu'elle avait été blessée par balles lors de heurts.

Khartoum considère que la guerre au Darfour, qui a fait plus de 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés depuis 2003 selon l'ONU, est aujourd'hui terminée mais des violences ont toujours ponctuellement lieu dans cette région de l'ouest du Soudan.

Selon Amnesty, des membres des Forces de soutien rapide (RSF) se trouvant à bord de cinq pick-ups équipés de mitrailleuses ont attaqué lundi un camp de déplacés dans la ville de Zalingei, capitale de l'Etat du Darfour-Centre.

"Une femme de 22 ans a été touchée par balles à la tête et est décédée à l'hôpital", a indiqué dans un communiqué l'ONG, affirmant que la raison des tirs était floue. Dix autres personnes, dont des enfants, ont été blessées, selon Amnesty.

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Selon les autorités locales, l'incident est le fruit d'une "erreur".

"Six véhicules des RSF qui allaient du Darfour-Sud au Darfour-Ouest sont entrés par erreur dans un camp de déplacés", ont-elles indiqué dans un communiqué. "Les déplacés ont affronté les RSF, qui ont tiré en l'air et une femme a alors été grièvement blessée".

Des résidents du camp ont ensuite manifesté leur colère devant un bâtiment du gouvernorat et des heurts ont eu lieu avec les forces de sécurité, faisant neuf blessés chez les civils et cinq chez les soldats, d'après les autorités du Darfour-Centre.

Amnesty a confirmé qu'une manifestation avait eu lieu et précisé que 7 personnes avaient été arrêtées.

L'ONG a demandé que les autorités mènent une enquête "prompte, exhaustive et impartiale" après cette "attaque brutale" dans un camp qui "est supposé être un lieu sûr".

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L'insurrection au Darfour a débuté il y a quinze ans lorsque des rebelles de minorité ethnique, s'estimant marginalisés, ont contesté par les armes le pouvoir central de Khartoum, dominé par les Arabes.

Aujourd'hui, le niveau de violence a globalement baissé, la force de maintien de la paix de l'ONU et de l'Union africaine (Minuad) a réduit ses effectifs et Khartoum menace de fermer les camps de déplacés.

Mais Amnesty International assure que les violences continuent en nombre dans cette région à laquelle les médias internationaux n'ont pas accès.

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L'ONG affirme ainsi avoir recueilli des preuves concernant 244 actes de violence entre août 2017 et avril 2018, spécialement dans le Darfour-Nord et la zone du Djebel Marra.

Le conflit au Darfour vaut au président Omar el-Béchir d'être recherché par la Cour pénale internationale pour répondre d'accusations de crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Avec AFP