Ces poulets ont été importés le 12 juillet du Brésil par un homme d'affaires, mais jugés impropres à la consommation par les services de santé du pays. Les carcasses ont alors été enterrées dans un dépôt d'ordures de l'est de Freetown, mais des milliers de personnes ont assiégé le site pour récupérer une partie des stocks, a indiqué le ministère de la Santé.
La police a fait usage samedi de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc pour tenter d'empêcher les habitants d'emporter ces poulets recouverts de boue, et ensevelis au milieu de "déchets humains, d'ordures domestiques et d'eaux usées industrielles" selon le ministère qui craint des intoxications alimentaires.
Des habitants ont réussi à déterrer les poulets à mains nues, avec des pelles ou à l'aide de couteaux, a témoigné, tout sourire, Aminata Kamara, une jeune mère de trois enfants habitant près de la décharge, en tenant deux sacs de volailles avariées.
"Nous allons laver les poulets et les préparer pour le repas du soir, pour toute la famille", a-t-elle dit, demandant à ses frères et soeurs d'apporter de l'eau et du savon pour nettoyer les poulets couverts de saleté.
Le poulet est un plat très populaire en Sierra-Leone, où 60% des habitants vivent dans la pauvreté, selon le Programme des Nations unies pour le développement.
Des heurts avec les policiers, débordés par la foule voulant emporter les poulets avariés, ont fait des blessés légers, ont indiqué à l'AFP des sources policières. Quarante personnes ont été arrêtées et plusieurs autres étaient recherchées après ces accrochages, selon ces sources.
Des cargaisons de poulets qui n'avaient pas été ensevelies par les autorités et qui se trouvaient dans des commerces ont été saisies par la police et des agents du ministère de la Santé, qui continuaient dimanche à traquer la marchandise avariée.
Plusieurs familles ont dit à l'AFP qu'elles allaient dorénavant manger du poisson au lieu du poulet à cause de cette affaire.
Des organisations de la société civile ont réclamé une enquête sur cette affaire et exigé l'arrestation de l'importateur de ces poulets, toujours recherché selon des sources policières.
"Nous craignons que la consommation de ces poulets conduise à une épidémie (pire) qu'Ebola", a affirmé le responsable d'une ONG locale active dans la santé, Victor Lansana Koroma.
La Sierra Leone se remet d'une épidémie d'Ebola qui a fait environ 4.000 morts de mai 2014 au 17 mars dernier.
Avec AFP