Le Cameroun a un riche potentiel agricole. Le pays dispose de 71 250 km2 de terre arables dont seulement 29% sont jusqu'ici exploitées.
Depuis 9 mois environ, l’association "un diplômé, un champ" exploite les terres sur un hectare et demi dans la localité d’Akoa Maria, une banlieue située à une vingtaine de kilomètres de Yaoundé.
Le site sert de champs témoins dans le cadre du projet. Ahmed Ngouh, étudiant en 3e année de physique à l’Université de Yaoundé, explique qu'il vient "trois fois par jour" et travaille typiquement de 7h30 à 15h.
"Présentement je suis en train d’enlever les herbes dans le champ de maïs, hier c’était dans le champ de pastèques", décrit le jeune étudiant qui est payé par l’association pour effectuer uniquement certains travaux dans ce champ. Une initiative qu’il juge "très bonne", puisqu’elle lui permet de "s’intéresser à l’agriculture", ajoute-t-il.
L’association "un diplômé, un champ" encourage les jeunes à fédérer leurs initiatives de projets agro-pastoraux.
"Dans ce champ de maïs, il y a quatre jeunes, qui y ont mis de leurs moyens, ils viennent de temps à temps pour faire la pratique agricole afin d’avoir eux-mêmes certaines notions et la motivation pour se lancer sur de plus grandes surfaces", confie à VOA Afrique Roberto Gracias Bakina, secrétaire exécutif de l’association. A la fin, l’association "un champ, un diplômé", va racheter leur production.
Les 4 jeunes réunis pour la production du maïs dans ce champ situé dans la localité d’Akoa Maria ont été sélectionnés à l’issue d’un appel à projets lancé sur les réseaux sociaux.
La procédure est simple selon Alain Georges Lietbouo, enseignant de journalisme et promoteur de l’association. "Lorsque nous comptons mettre sur pied un hectare de maïs, nous recherchons des jeunes passionnés ou qui ont besoin de se mettre ensemble et nous les organisons", précise-t-il.
Lire aussi : Des Camerounaises innovent avec des start-up agroalimentairesL’association a pu lever un peu plus de 700.000 francs CFA pour financer un champ de maïs et deux autres pour la pastèque et le concombre. Selon le promoteur, l’initiative a satisfait de nombreux jeunes: "ils nous ont demandé de lancer un projet similaire sur l’élevage du poulet".
Entre octobre 2019 et mai 2020, cinq sessions de formation à l’agriculture et à l’élevage du poulet de chair ont été organisées en faveur de certains jeunes parmi lesquels, Soulemanou Mfouakié. Cet ingénieur électrotechnicien âgé de 31 ans a déjà un champ expérimental de maïs qui s’étend sur une superficie de deux hectares dans la banlieue de Mfou, à une vingtaine de kilomètres de Yaoundé.
Lire aussi : Le coronavirus tue à petit feu le tourisme camerounaisSoulemanou a loué les terres pour y mettre la semence. La pandémie de la maladie COVID-19 a validé son intuition: en temps de crise, il est important que le pays soit capable de s'auto-suffire sur le plan alimentaire.
"La solution pour le Cameroun et l’Afrique se trouve dans l’agro-pastoral", souligne-t-il.
Il n'est pas le seul à penser ainsi.
Les jeunes affluent de plus en plus au siège de l’association "un diplômé, un champ" au quartier Efoulan dans le 3e arrondissement à Yaoundé.
"Ils nous ont formés dans l’élevage du poulet, je compte me lancer dans la prochaine vague. Je vais commencer avec 100 sujets, et je serai encadré par l’association", déclare l’air confiant, Marcus Médard Nganbe, titulaire d’un master II en physique.
Même s'il reste encore du chemin à parcourir, l'association est en train de poser les jalons d'un Cameroun prospère et autosuffisant. De plus, en inculquant les valeurs du travail qui paie et de l'autonomie au niveau communautaire, elle ouvre la voie vers l'accomplissement des Objectifs de développement durable. Un défi se profile cependant à l'horizon : la viabilité financière à long terme.
Your browser doesn’t support HTML5