Vendredi, "vers minuit, le commissaire communal de la police est arrivé à notre permanence et a arrêté les 15 personnes qui veillaient sur notre permanence, puis les a mises au cachot", a expliqué à l'AFP un responsable provincial du parti sous couvert de l’anonymat.
Peu après, "les habitants de la commune ont entendu de nombreux coups de feu autour de notre permanence, qui a été détruite puis incendiée", a-t-il poursuivi. Le local aurait dû être inauguré samedi par le chef du parti, Agathon Rwasa.
Selon des témoignages recueillis par SOS Médias Burundi, un site d'information en ligne de journalistes indépendants, des hommes en tenue de policier étaient présents au moment de la destruction et de l'incendie de la permanence.
L'incendie a été confirmé à l'AFP dimanche par Ferdinand Simbananiye, l'administrateur de la commune de Nyabiraba, située à une vingtaine de kilomètres à l’est de Bujumbura. L'administrateur assure qu'une "enquête est en cours pour identifier les auteurs de ce délit".
Mercredi, la même permanence avait été partiellement incendiée par un groupe d'Imbonerakure, des membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir, selon le parti CNL et des témoins sur place.
L'administrateur communal, qui est aussi membre du parti au pouvoir, a qualifié de "montage" un enregistrement sonore où on l'entend menacer le propriétaire de cette maison en disant qu'elle sera "détruite" s'il la loue au parti CNL.
Cet enregistrement a été authentifié par des habitants de Nyabiraba, une commune de la province de Bujumbura rural, fief historique d'Agathon Rwasa.
Lire aussi : Un commissaire de la Céni appelle "à barrer la route" aux médias indépendantsMercredi, l'organisation Human Rights Watch (HRW) a dénoncé "les abus généralisés" dont sont victimes les opposants au Burundi à une année des élections générales de 2020, dans un nouveau rapport qui détaille des cas d'opposants (essentiellement des membres du CNL) arrêtés arbitrairement, battus ou tués.
Le Burundi est en crise depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat. Il avait été réélu en juillet de la même année.
Les violences et la répression qui ont accompagné la crise auraient fait au moins 1.200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes entre avril 2015 et mai 2017, selon les estimations de la Cour pénale internationale, qui a ouvert une enquête.