"Inquiets", les Coréens d'Amérique restent hantés par la guerre

Une combinaison de phot du leader nord-coréen Kim Jong Un, à gauche, du 10 mai 2016 et du président américain Donald Trump du 17 mai 2016. REUTERS/KCNA

Des souvenirs de guerre reviennent hanter les Coréens de New York, témoins de l'escalade martiale entre le pays qu'ils ont quitté et celui qu'ils ont adopté en quête du rêve américain.

La guerre de Corée (1950-1953), opposant un Sud soutenu par les Etats-Unis à un Nord défendu par la Chine, a fait quatre millions de morts, un bain de sang jamais conclu par un accord de paix officiel.

"Nous sommes tous des personnes âgées, nous avons été confrontés à la guerre", affirme Byong Lee, au centre américano-coréen de Flushing, à New York.

Dans ce quartier, les enseignes en coréen sont omniprésentes à la devanture des commerces, et entre 300 à 350 Coréens à la retraite viennent déjeuner du lundi au vendredi.

M. Lee, 81 ans, fait partie de ces retraités. "Tous ont été engagés dans l'armée, ils connaissent la Corée du Nord et son dictateur stupide", ajoute-t-il.

Les pensionnaires ne savent que trop le coût d'un conflit, eux qui ne se trouvaient pas loin du Japon quand l'archipel a été frappé en août 1945 par le feu nucléaire américain.

"Il est fou", assure Wonil Lee, 75 ans, au sujet du leader nord-coréen Kim Jong-Un. Demandez à n'importe qui et vous obtiendrez "pratiquement toujours la même réponse", poursuit-il.

Mais une infirmière à la retraite, qui s'apprête à entamer son cours de chansons folkloriques, semble insinuer que Kim n'est pas le seul à l'esprit dérangé, dans un rire à l'évocation du président américain Donald Trump.

"Tout le monde est inquiet par la façon dont il s'exprime sur Twitter", confie-t-elle à voix basse. "Certains disent qu'il est comme Kim Jong-Un".

Environ 100.000 Coréens vivent à New York, pour la plupart dans le quartier du Queens où M. Trump a passé son enfance. Plus largement, les Etats-Unis sont le deuxième pays d'immigration pour les Coréens après la Chine, avec 1,7 million de personnes venues de la péninsule.

Wonil Lee, un ancien combattant de la guerre de Corée, a quelques conseils à offrir à Donald Trump, qu'il qualifie d'homme le plus puissant du monde: "Des dollars !", lance-t-il avec un sourire. "L'Amérique est un pays très riche. Si j'étais M. Trump, ou le président américain, je dirais: +OK, combien voulez-vous ?+".

- 'Qui sait ? Il est dingue' -

Byong Lee, qui a écouté la suggestion, est dubitatif. "Cela ne marchera jamais", commente cet émigré arrivé en 1983 qui a d'abord travaillé comme marchand de primeurs, avant de créer sa propre société de travail intérimaire.

La plupart des séniors réunis ici ne croient pas que le régime nord-coréen ira jusqu'à attaquer l'île américaine de Guam, une menace ouvertement brandie par Kim Jong-Un.

"Mais il est dingue, alors qui sait ? S'il le fait, il faut qu'il sache qu'il en mourra", reprend M. Lee. Il n'a guère plus confiance en Donald Trump, qui a de nouveau menacé vendredi d'employer la force contre la Corée du Nord, affirmant que les options militaires étaient "prêtes à être utilisées".

"On ne peut pas le croire!", s'emporte Byong Lee. "De l'agitation, de l'agitation. Il peut dire tout ce qui lui passe par la tête. Mais l'important c'est: veut-il réellement la guerre nucléaire?"

L'infirmière retraitée, qui ne souhaite pas donner son nom, se préoccupe elle de ceux qui sont restés dans la péninsule coréenne. "Ils sont en quelque sorte habitués à tout cela, au fait que +Oh mon Dieu, voilà que cela recommence+, mais je suis inquiète", confesse-t-elle.

"Cela fait vingt ans qu'on parle et j'aimerais que Trump passe à l'action face à ce gars", reprend-elle, avant d'avouer ignorer de quelle façon la crise pourrait être résolue,

Avec AFP