Le futur secrétaire d'Etat promet d'être ferme mais pas va-t-en-guerre

Mike Pompeo lors d'une audience de confirmation de sa nomination au poste de secrétaire d'État, le 12 avril 2018 au Capitol.

Lors de son audition au Congrès, Mike Pompeo a tenté de se défaire de l'étiquette de "faucon" en promettant d'être ferme mais pas va-t-en-guerre, notamment face à l'Iran et la Corée du Nord.

Directeur de la CIA depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche début 2017, il a été nommé en mars chef de la diplomatie américaine par le président des Etats-Unis lorsqu'il a limogé Rex Tillerson, souvent vu comme plus modéré que le milliardaire républicain en politique étrangère.

Sa nomination, avec celle de John Bolton comme conseiller à la sécurité nationale, a été vue comme emblématique d'un durcissement de l'administration américaine.

S'il est confirmé par la commission des Affaires étrangères du Sénat --un obstacle que cet ex-élu républicain du Kansas devrait franchir--, le chef espion qui a su gagner la confiance du président va se retrouver face à une série d'échéances très délicates.

Outre d'éventuelles frappes en Syrie qui rendent de plus en plus dangereuse la confrontation avec la Russie, Donald Trump doit décider d'ici mi-mai s'il "déchire" l'accord sur le nucléaire iranien de 2015 puis rencontrer d'ici début juin le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un pour un sommet historique dont Washington espère qu'il ouvre la voie à une "dénucléarisation" de Pyongyang.

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Sur tous ces dossiers, Mike Pompeo, 54 ans, est décrit comme un dur. A la tête de l'agence de renseignement la plus connue au monde, il a plaidé pour une CIA "agressive, brutale, implacable et impitoyable", notamment face à l'Iran et à la Corée du Nord.

Devant les sénateurs, il a assuré qu'il n'était ni le "faucon" ni le "va-t-en-guerre" souvent dépeint dans la presse. "La guerre est toujours et doit toujours être en dernier ressort", a ajouté cet ex-militaire, s'engageant à faire tout son possible pour éviter de futurs conflits.

- "Erreurs du passé" -

L'opposition démocrate a questionné Mike Pompeo sur la politique étrangère de Donald Trump, "guidée par les coups de tête et pas par une stratégie" et "qui a laissé l'Amérique isolée et seule", selon les mots du sénateur Robert Menendez.

Le républicain Bob Corker, président de la commission des Affaires étrangères, a aussi jugé que son rôle devait être d'encadrer le président, dont il a souvent critiqué les déclarations tonitruantes.

Le futur secrétaire d'Etat s'est voulu rassurant sur les principaux dossiers qui l'attendent.

Sa "première priorité" est, à l'image de celle de Donald Trump, de "débarrasser le monde d'une Corée du Nord nucléaire" en continuant la "campagne de pression" et de sanctions, a-t-il relevé, assurant s'être préparé au prochain sommet Kim-Trump pour "ne pas répéter les erreurs du passé".

"Je n'ai jamais été partisan d'un changement de régime" à Pyongyang, a-t-il insisté, tout en réaffirmant que l'option militaire devait être sur la table en cas d'échec des négociations.

Ce critique de l'accord conclu par l'administration démocrate de Barack Obama pour éviter que Téhéran ne se dote de la bombe atomique a affiché une approche très diplomatique sur cet autre dossier prioritaire.

"Je veux améliorer cet accord", "c'est ça l'objectif" fixé par le président Trump, a-t-il affirmé.

M. Trump a donné aux signataires européens du texte (France, Royaume-Uni et Allemagne) jusqu'au 12 mai pour le durcir. Faute de quoi, il menace de le "déchirer" et de rétablir les sanctions contre Téhéran.

"S'il s'avère qu'il n'y a aucune chance de l'améliorer, je recommanderais au président de faire de notre mieux avec nos alliés pour trouver un meilleur résultat et un meilleur accord. Même après le 12 mai, il y a encore beaucoup d'efforts diplomatiques à mener", a-t-il dit, refusant de plaider pour un retrait américain. "Il n'y a pas, que je sache, de signes indiquant qu'en cas de fin de l'accord ils se précipiteraient à créer une arme nucléaire."

Mike Pompeo qui, à la tête de la CIA, a évoqué une possible nouvelle cyberattaque russe sur les élections législatives de novembre aux Etats-Unis, après l'ingérence dans la présidentielle de 2016 dénoncée par le renseignement américain, a estimé que le président russe Vladimir Poutine n'avait "pas encore suffisamment reçu le message" de fermeté de Washington. "La politique modérée" à l'égard de Moscou, "c'est fini", a-t-il promis.

Quant à la Chine, il a appelé de ses voeux un partenariat "plus fructueux" alors que plane le spectre d'une guerre commerciale avec Pékin.

M. Pompeo a aussi vanté les mérites des diplomates américains, là où Rex Tillerson était souvent accusé de manquer de considération à leur égard, et a promis de remplir les nombreux postes encore vacants au sommet du ministère.

Avec AFP