Prenant la parole dans la capitale polonaise, première étape d'une tournée européenne de quatre jours entamée mercredi soir, M. Trump a aussi livré un inhabituel réquisitoire contre la Russie, qui voit d'un très mauvais oeil l'expansion de l'Alliance atlantique à ses frontières.
Les Etats-Unis, a-t-il dit, travaillent avec leurs alliés pour s'opposer "aux actions de la Russie et à son comportement déstabilisateur".
Il a également estimé que la Russie avait pu s'immiscer dans l'élection présidentielle de 2016. "Je l'ai dit très simplement. Je pense que cela a pu fort bien être la Russie. Je pense que cela a bien pu être d'autres pays. Je ne vais pas être précis. Mais je pense que beaucoup de gens interfèrent".
Ces rares critiques contre la Russie interviennent à la veille de sa toute première rencontre avec Vladimir Poutine au sommet du G20 en Allemagne. Cette rencontre sera observée attentivement par leurs pairs, mais aussi aux Etats-Unis, sur fond d'enquête sur l'influence russe dans l'entourage de M. Trump.
Ce dernier s'est contenté jusqu'à présent de dénoncer des "fake news", sans parvenir à mettre fin aux spéculations sur l'intervention de la Russie dans la dernière élection présidentielle américaine.
Washington dit certes vouloir une relation plus "constructive" avec Moscou, mais les relations sont au plus bas depuis le renforcement des sanctions contre la Russie pour son rôle dans la crise ukrainienne et son soutien au régime syrien.
-'soif de Dieu'-
Outre ce réquisitoire contre Moscou, M. Trump s'est employé à rassurer ses alliés européens et de l'Otan.
"Les Etats-Unis ont prouvé, non seulement avec des mots, mais avec des actes, que nous appuyons fermement l'article 5" du traité de l'Otan, a-t-il dit, un mois et demi après une intervention à Bruxelles où il avait délibérément choisi de ne pas réaffirmer l'engagement américain à respecter l'article 5 qui porte sur la défense mutuelle.
"Le lien transatlantique entre les Etats-Unis et l'Europe est toujours fort, et peut-être, à certains égards, même plus fort que jamais", a-t-il ajouté face à une quinzaine de milliers de Polonais venus l'écouter sur une place de Varsovie. Parmi eux, Jan Stopowski, 80 ans, venu "car il faut resserrer les relations polono-americaines, surtout sur le plan militaire, car l'Est est expansif".
Et les mots du président américain étaient justement destinés à rassurer la Pologne, entrée dans l'Otan en 2004.
"L'expérience de la Pologne nous le rappelle - la défense de l'Occident repose en dernier ressort non seulement sur les moyens, mais aussi sur la volonté de ses habitants de l'emporter", a-t-il déclaré.
Dans son discours, Trump a brossé l'image d'un Occident confronté à des défis existentiels, ceux de "défendre notre civilisation" contre le terrorisme, la bureaucratie et l'érosion des traditions.
"La question fondamentale de notre époque est celle de savoir si l'Occident a la volonté de survivre", a-t-il poursuivi.
Dans un même souffle, il a assuré que "le peuple polonais, le peuple américain et les peuples d'Europe s'exclament: +nous avons soif de Dieu+".
- 'Menace globale' -
M. Trump a démarré sa tournée européenne par la Pologne, et pour Thomas Wright, analyste à la Brookings Institution, "ça n'est pas un hasard, car c'est un pays au gouvernement ultra-conservateur et eurosceptique".
Une première étape facile avant de s'envoler jeudi soir pour Hambourg où ses homologues des vingt grands pays industrialisés et émergents l'attendent.
Le climat de cette tournée est encore alourdi par l'essai mardi d'un missile intercontinental nord-coréen, capable selon des experts américains d'atteindre l'Alaska, et les tensions américano-chinoises qui en découlent.
"J'appelle toutes les nations à affronter cette menace globale et à montrer publiquement à la Corée du Nord qu'il y a des conséquences de son très, très mauvais comportement", a déclaré M. Trump à Varsovie.
Washington pense à des mesures "fort sévères", a ajouté le président américain, mais en précisant aussitôt que "cela ne veut pas dire que nous le ferons".
Il s'agit du deuxième séjour en Europe du président Trump, qui est accompagné lors de cette tournée par sa femme Melania, sa fille Ivanka et son gendre Jared Kushner. Le premier voyage, en mai, avait révélé la profondeur de la méfiance entre les deux rives de l'Atlantique.
Quelques organisations de gauche ont annoncé des manifestations pour protester contre la politique de Trump, et même contre son attitude envers les femmes, mais elles devraient se dérouler loin des lieux visités par le président américain.
Avec AFP