Le Centre africain de contrôle des maladies l’a rappelé encore récemment : les autorités sanitaires et les chercheurs africains font face depuis les années 1970, quasiment seuls, avec peu de ressources, à des épidémies successives de la variole du singe en Afrique centrale et de l’ouest, avec des taux de mortalité élevés.
Lire aussi : La variole du singe désormais urgence de santé publique aux Etats-UnisDe 2019 à 2021, pendant l’épidémie du Covid-19, la variole du singe a connu un nouveau regain, affectant onze pays, notamment dans des zones non endémiques. La maladie revêt maintenant une forme particulièrement mortelle. On a recensé jusqu’à 12 454 cas d’infection et 365 décès pendant cette période. En 2022, l’épidémie a encore infecté 2800 personnes dans ces pays et a fait 103 morts, soit un taux de mortalité de 3,6%. Mais jusque-là, les autorités sanitaires africaines sont restées seules, avec peu de moyens pour faire face à la maladie.
La variole du singe, urgence de santé planétaire
C’est avec l’apparition de la maladie en début d’année 2022 en Europe et en Amérique du Nord que les grands médias du monde entier se sont saisis du sujet et l’ont mis à l’agenda de la communauté internationale.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a ainsi décrété l’état d’urgence de santé publique de portée internationale, indiquant par-là que la maladie constitue désormais un risque pour la santé publique dans d’autres États en raison du risque de propagation internationale qui exige une action internationale coordonnée. Mais l’Afrique ne bénéficie toujours pas de cette mobilisation.
Toutes les doses du seul vaccin disponible commercialisé sous les appellations de Jynneos en Amérique du Nord et de Imvanex en Europe sont déjà achetées pour les populations européennes et américaines. L’Etat fédéral américain a acquis 600 000 doses et placé commande de 7 millions de doses supplémentaires pour sa population auprès de Bavarian Nordic, la seule firme productrice. L’Union européenne a d’ores et déjà donné son feu vert à ce fabricant et un pays européen lui a fait une première commande de 1 500 000 doses.
Covid-19, bis repetita ?
A ce jour, l’Afrique n’est pas prise en compte dans la répartition du vaccin, ce qui n'est pas sans rappeler ce qui s'est produit pour le Covid-19...
"On ne doit pas permettre que ce qui s’est passé au début de la distribution du vaccin contre le Covid-19, quand l’Afrique est restée sur le bord de la route au moment où les autres pays se partageaient les quelques vaccins disponibles, se reproduise, alerte Matshidiso Moeti, la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. Mais il semble bien que ce soit bien ce qui se passe."
En fait, non seulement l’Afrique n’a pas accès au vaccin, mais elle n’a qu’une quantité limitée de médicaments antiviraux et peu de matériels de test. Selon de nombreux experts, d’une manière ou d’une autre, pour éradiquer la variole du singe à l’échelle mondiale, il sera nécessaire de répondre aux besoins urgents de l’Afrique et de combler le gap vaccinal et de traitement existant avec les pays industrialisés.