Theresa May tente de calmer le jeu après les tweets antimusulmans de Trump

Donald Trump et Theresa May à la Maison Blanche, Washington, le 27 janvier 2017.

Le Royaume-Uni était sous le choc jeudi après la virulente réplique de Donald Trump aux critiques de Theresa May contre ses retweets de vidéos antimusulmanes, mais Londres tentait de calmer le jeu face aux demandes de certains politiciens d'annuler sa visite officielle.

"@theresa_may ne te focalise pas sur moi, focalise-toi sur le terrorisme islamique radical destructeur à l'intérieur du Royaume-Uni. Tout va bien pour nous!", a tweeté à l'intention de la Première ministre britannique Donald Trump, qui n'en est pas à sa première remarque sur la gestion du terrorisme par Londres.

Ce tweet acerbe a provoqué une bronca de l'autre côté de l'Atlantique, où Theresa May avait précédemment qualifié d'"erreur" la rediffusion par le président américain de vidéos postées par la vice-présidente de Britain First, offrant une publicité inespérée à cet obscur petit parti britannique d'extrême droite.

Cette condamnation a été réitérée devant le Parlement jeudi par la ministre de l'Intérieur Amber Rudd, qui a de nouveau qualifié d'"erreur" le fait d'avoir relayé ces vidéos auprès de ses quelque 44 millions d'abonnés.

Mais comme elle, un porte-parole de la cheffe conservatrice de l'exécutif a tenté de calmer le jeu, insistant plutôt sur la relation particulière qui unit les deux pays anglophones.

"Nous avons une relation très forte et très constructive avec les Etats-Unis et le président américain", a déclaré à la presse un porte-parole de Theresa May, actuellement en tournée au Moyen-Orient.

Les Etats-Unis sont "notre allié le plus proche et le plus fiable. Nous continuons à collaborer sur une grande variété de sujet très importants", a-t-il ajouté, tout en insistant sur le fait que Theresa May prenait au sérieux le problème de l'extrémisme, dans un pays touché par cinq attentats depuis le mois de mars.

'Trahison'

"Nous avons une relation spéciale sur le long terme" avec les Etats-Unis et "c'est une relation qui perdure, il est dans l'intérêt des deux pays qu'elle continue", a insisté Mme May.

D'autres, comme le maire de Londres Sadiq Khan, y ont vu au contraire un coup de canif porté à cette relation bilatérale, déjà ébranlée par de précédente prises de position de Donald Trump, notamment son rejet de l'accord nucléaire iranien et de l'accord de Paris sur le climat ou encore sa décision d'imposer des droits antidumping massifs sur des avions du canadien Bombardier.

"Le président Trump a utilisé Twitter hier (mercredi) pour promouvoir un groupe abject qui n'existe que pour semer la division et la haine dans notre pays", a réagi Sadiq Khan dans un communiqué.

Il y a vu "une trahison de la relation spéciale entre nos deux pays" et a demandé à Theresa May d'user de son influence pour que Donald Trump "efface ses tweets et s'excuse auprès du peuple britannique".

Sadiq Khan, premier maire musulman de la capitale britannique, a été accusé par le passé par Donald Trump sur Twitter de minimiser la menace terroriste dans sa ville.

Visite controversée

Sadiq Khan, premier maire musulman de la capitale britannique, a été accusé par le passé par Donald Trump sur Twitter de minimiser la menace terroriste dans sa ville.

Sa voix s'est jointe à celles d'autres responsables politiques, dont plusieurs députés travaillistes, pour demander à Theresa May d'annuler l'invitation controversée qu'elle avait faite fin janvier à Donald Trump à effectuer une visite d'Etat au Royaume-Uni.

Mais cette option est d'ores et déjà rejetée par Downing Street. "Nous avons proposé une visite officielle qui a été acceptée", a laconiquement commenté le porte-parole de Mme May.

Cette visite, déjà reportée à 2018 après une pétition et de nombreuses protestations, impliquerait de nombreux honneurs, dont celui d'être reçu par la reine Elizabeth II à Buckingham Palace.

Ann Coulter, une polémiste ultra-conservatrice américaine suivie par le président américain sur Twitter et qui pourrait avoir inspiré ses retweets, l'a quant à elle défendu sur la BBC: "Je pense qu'il n'a fait que rendre la pareille. Je pense qu'il a été attaqué par la mère patrie depuis plus longtemps qu'il n'a attaqué la Grande-Bretagne", a-t-elle dit.

Et la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, a estimé que la véracité des vidéos, twittées initialement par la vice présidente de Britain Frist, Jayda Fransen, n'était pas le sujet, soulignant que la menace était "réelle".

Avec AFP