Violences et crise politique en RDC

Demonstrators gather in front of a burning car during an opposition rally in Kinshasa, DRC, Sept. 19, 2016.

La République démocratique du Congo (RDC), où au moins 17 personnes ont été tuées lundi à Kinshasa, traverse une crise politique liée au processus électoral depuis la réélection contestée de son président, Joseph Kabila en 2011.

La Constitution congolaise interdit à M. Kabila, au pouvoir depuis 2001, de se représenter à l'expiration de son mandat, le 20 décembre, mais celui-ci ne donne aucun signe de vouloir quitter le pouvoir.

Aucune élection directe n'a eu lieu dans le pays depuis novembre 2011.

- Un projet de réforme enflamme Kinshasa -

Le 17 janvier 2015, l'Assemblée adopte un projet de loi électorale susceptible d'entraîner un report de la présidentielle et permettre à Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà du terme de son mandat. Le projet de loi contesté lie la tenue des élections législatives et présidentielle aux résultats du recensement général de la population, qui selon certains analystes, pourrait prendre jusqu'à trois ans.

Du 19 au 22 janvier, des manifestations éclatent à Kinshasa et dans plusieurs autres villes pour dénoncer ce projet, avant de dégénérer en émeutes et pillages. La contestation est violemment réprimée, et plusieurs dizaines de personnes sont tuées.

L'opposant historique Etienne Tshisekedi lance depuis Bruxelles un appel à chasser le "régime finissant" de l'homme fort de Kinshasa.

Le 25 janvier, le Parlement vote un texte débarrassé de la disposition la plus controversée, sans pour autant complètement rassurer l'opposition, qui y voit d'autres articles susceptibles d'entraîner un "glissement" du calendrier électoral.

En décembre, la Mission de l'ONU au Congo (Monusco) et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l'Homme dénoncent "des menaces, des arrestations et détentions arbitraires" ayant "ciblé principalement des professionnels des médias, des membres de la société civile et des opposants politiques".

- Moïse Katumbi, candidat à la présidentielle -

Le 4 mai 2016, l'opposant Moïse Katumbi confirme sa candidature à la présidentielle.

Ex-gouverneur de l'ancienne province du Katanga (sud-est), le richissime homme d'affaires est passé dans l'opposition en septembre 2015 après avoir démissionné de ses fonctions de gouverneur et quitté le parti présidentiel.

Le 9 puis le 11 mai, il est entendu par la justice pour répondre d'accusations de "recrutement de mercenaires étrangers". Il avait qualifié ses ennuis judiciaires de "basses manoeuvres du pouvoir" destinées à lui "nuire". Il s'exile à l'étranger, officiellement pour s'y faire soigner. Il a été condamné en juin à trois ans de prison dans une affaire de spoliation immobilière et reste menacé d'un procès dans l'affaire des "mercenaires étrangers"

- Kabila autorisé à rester en fonctions -

Le 11 mai 2016, la Cour constitutionnelle rend un arrêt autorisant M. Kabila à rester en fonction au-delà du terme de son mandat, fin 2016, si la présidentielle n'est pas organisée avant le 20 décembre. L'opposition qualifie cette décision "d'imposture".

- Etienne Tshisekedi de retour à Kinshasa -

Le 10 juin, l'opposition réunie près de Bruxelles décide de s'unir au sein d'une nouvelle structure, baptisée "Rassemblement", à l'issue d'un "conclave" lancé à l'initiative d'Étienne Tshisekedi.

Le 31 juillet, ce dernier, rentré quelques jours auparavant après deux ans de convalescence en Belgique, exige, devant des dizaines de milliers de partisans, la tenue de la présidentielle d'ici la fin de l'année et le départ de Kabila.

Le 1er septembre, un "dialogue national" démarre à Kinshasa. Mais seule une frange minoritaire de l'opposition y participe, le reste, rassemblé autour de M. Tshisekedi, boude ce forum, y voyant un "piège" destiné à permettre à Kabila de se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible.

- Violences et pillages à Kinshasa -

Le 19 septembre, au moins 17 personnes sont tuées dans des violences et pillages à Kinshasa avant une manifestation hostile à Kabila. Le ministre de l'Intérieur qualifie ces événements de "mouvement insurrectionnel".

Le "Rassemblement" des principaux partis d'opposition avait appelé à manifester pour signifier à Kabila son "préavis", trois mois avant l'expiration de son mandat, le 20 décembre, et exiger la convocation de la présidentielle avant cette date.

Avec AFP