Berlin demande à Washington de se garder de menacer la cohésion de l'UE

La chancelière allemande Angela Merkel (4ème à gauche), le président français François Hollande (2ème à gauche), la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite (3ème à gauche), le président de la Commission européenne José Manuel Barroso (2ème droite), le président du Parlement européen Martin Schulz (droite) Herman Van Rompuy (3e droite) et la ministre allemande du Travail Ursula von der Leyen animent une conférence de presse conjointe à Berlin, Allemagne, 3 juillet 2013.

La ministre allemande de la Défense a mis en garde les Etats-Unis contre tout discours pouvant menacer la cohésion de l'Union européenne et contre un rapprochement avec Moscou sur le dos de ses alliés.

"Nos amis américains savent que leur ton vis-à-vis de l'Europe et de l'Otan ont un effet direct sur la cohésion de l'Europe. Une UE stable est dans l'intérêt américain tout comme une Otan unie", a dit Ursula van der Leyen, lors d'un forum annuel sur la sécurité à Munich.

Dans le passé, le président américain Donald Trump s'était réjoui du Brexit et a même semblé appeler d'autres Etats à quitter l'UE.

La ministre allemande a aussi jugé que Washington ne devait pas accorder la même confiance à la Russie et à ses alliés occidentaux. Avant sa prise de fonctions, Donald Trump avait placé sur un pied d'égalité le Russe Vladimir Poutine et l'Allemande Angela Merkel.

"Il ne peut y avoir d'équidistance entre la confiance accordée à un allié et envers ceux qui mettent en question nos valeurs, nos frontières et le droit international", a-t-elle dit.

"Cela veut dire que nous devons aborder ensemble notre intérêt commun qui est de revenir à un vivre-ensemble avec la Russie, et de ne pas agir de manière bilatérale en sautant par-dessus la tête des partenaires", a-t-elle précisé.

Les Etats-Unis ont semblé jeudi lors d'une réunion ministérielle du G-20 tempérer les velléités de rapprochement avec Moscou, alors que le conseiller à la sécurité de Donald Trump vient de démissionner pour avoir menti sur ses liens avec Moscou.

Présent à Munich, le secrétaire d'Etat à la Défense Jim Mattis s'est voulu rassurant. "La relation transatlantique demeure le meilleur rempart contre l'instabilité et la violence" et "je suis sûr que nous allons renforcer nos partenariats pour faire face à ceux qui décident d'attaquer des gens innocents, nos processus démocratiques et nos libertés", a-t-il dit.

La ministre allemande a aussi souligné que les Occidentaux ne pouvaient se permettre de transformer la guerre contre le "terrorisme" en guerre contre l'islam, alors que le décret migratoire controversé de Donald Trump a été largement perçu comme islamophobe. Les divisions entre communautés favorisent "la violence" et le "terrorisme", a-t-elle fait valoir.

Mme van der Leyen a aussi rejeté toute justification de la torture, en allusion là aussi à de précédentes déclarations de Donald Trump n'excluant pas de l'utiliser. "Nous devons tous être convaincus que nous portons les mêmes valeurs et les mêmes principes (...) ça ne laisse aucune place pour la torture", a-t-elle dit.

Elle a enfin reconnu que l'Europe devait davantage financer sa sécurité comme le réclame Washington. On ne peut pas "quand ça devient compliqué, compter avant tout sur les capacités d'action de nos amis américains". L'UE doit mieux mener ses missions, d'une seule main civile et militaire, elle doit mieux financer les projets communs d'armement. C'est ainsi que la sécurité et la défense européenne seront plus efficaces".

Avec AFP