Washington et Pékin accentuent les pressions sur Pyongyang

Une peinture murale représentant le leader nord-coréen Kim Jong Il, à Pyongyang, le 26 juillet 2017.

Washington et Pékin ont accentué dimanche à Manille leurs pressions sur la Corée du Nord pour qu'elle renonce à ses ambitions nucléaires après un durcissement sensible des sanctions de l'ONU qui pourrait coûter à Pyongyang un milliard de dollars annuels.

Au lendemain de l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'un texte visant à réduire d'un tiers les revenus des exportations de Pyongyang, les ministres des Affaires étrangères des principales puissances parties prenantes à la crise étaient présents à Manille en amont d'un forum régional de l'Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean).

Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson s'est dit encouragé par le vote. Mais des responsables américains ont prévenu que Washington voulait surveiller de près la Chine, principal allié et partenaire commercial de Pyongyang, afin de faire en sorte que les sanctions soient respectées.

Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a rencontré dans la capitale philippine son homologue nord-coréen Ri Hong-Yo et appelé Pyongyang à cesser ses essais nucléaires et balistiques.

La nouvelle résolution va "aider la Corée du Nord à prendre une décision bonne et intelligente", a déclaré le ministre chinois à la presse, selon la traduction de ses propos.

M. Ri a pour l'instant évité les journalistes à Manille. Mais dans un éditorial au ton incendiaire traditionnel des médias nord-coréens, publié avant le vote de l'ONU, le journal du parti unique au pouvoir a mis en garde contre toute agression américaine.

"Le jour où les Etats-Unis oseront agacer notre pays avec une trique nucléaire et des sanctions, le continent américain sera projeté dans une mer de feu inimaginable", assure le journal.

M. Tillerson s'est également entretenu dimanche avec le russe Sergueï Lavrov et devait voir M. Wang dans la soirée. Il s'agit de renforcer encore l'isolement diplomatique de la Corée du Nord et de réduire les risques de conflits.

"C'est un bon résultat", a déclaré M. Tillerson au sujet du vote de l'ONU, avant de se réunir avec son homologue sud-coréenne Kang Kyung-Wha.

Une haute responsable du département d'Etat, Susan Thornton, a souligné que Washington serait "attentif" sur l'application des sanctions, rappelant qu'après de précédentes résolutions, la Chine avait pu "relâcher la pression".

Nouvelle riposte aux ambitions nucléaires nord-coréennes, c'est à l'unanimité que le Conseil de sécurité a adopté samedi ce texte qui représente un certain succès pour les Etats-Unis.

Charbon et crustacés

Washington a su convaincre ses partenaires chinois et russe de renforcer la pression internationale contre un pays accusé d'être une "menace mondiale".

Si la résolution est respectée, Pyongyang sera privé d'un milliard de dollars de recettes annuelles.

Les nouvelles sanctions visent en particulier à empêcher les exportations nord-coréennes de charbon, de fer, de minerai de fer, de plomb, de minerai de plomb, de poissons et de crustacés. Dans leur globalité, les exportations nord-coréennes rapportent au pays chaque année trois milliards de dollars.

Depuis l'arrivée au pouvoir de Kim Jong-Un fin 2011, la Corée du Nord avance à grand pas en vue de réaliser son objectif de porter le feu nucléaire sur le continent américain.

Le jeune dirigeant a supervisé trois essais nucléaires et une flopée de tirs de missiles. Le dernier texte de l'ONU a pour objectif de contraindre Pyongyang à la négociation après deux tirs de missiles balistiques intercontinentaux en juillet qui mettent à sa portée une partie du continent américain.

La gravité de la crise a été soulignée par H.R. McMaster, conseiller à la Sécurité nationale du président américain Donald Trump. Celui-ci a déclaré à la chaîne américaine MSNBC que le président américain étudiait des plans en vue d'une éventuelle "guerre préventive".

"Il a dit qu'il n'allait pas tolérer que la Corée du Nord puisse menacer les Etats-Unis", a-t-il déclaré.

Washington veut aussi s'assurer de l'engagement de Moscou à appliquer l'embargo en dépit de la très mauvaise passe que traversent leurs relations bilatérales.

Le forum annuel de l'Asean proprement dit réunit à partir de lundi dans la capitale philippine les chefs de la diplomatie de 26 pays et de l'Union européenne pour évoquer les questions de sécurité en Asie-Pacifique.

Bien que M. Tillerson sera dans la même pièce que M. Ri durant cette événement, il n'y aura pas de pourparlers directs entre les deux émissaires, souligne Washington.

Avec AFP