Washington demande un second tour rapidement au Liberia crédible

Le vice-président libérien Joseph Boakai, 16 octobre 2017, et l’ancien joueur de football et ambassadeur de bonne volonté de l’Unesco, Goerges Weah, 5 août 2014, les deux candidats au second de la présidentielle au Liberia.

L'ambassade américaine au Liberia a affirmé sa confiance dans "l'intégrité" du premier tour de l'élection présidentielle du 10 octobre, appelant à l'organisation rapide d'un second tour entre le sénateur et ex-star du football George Weah et le vice-président Joseph Boakai.

Dans un communiqué mercredi soir, la représentation américaine a également appelé au respect des délais constitutionnels prévoyant une transition en janvier entre la présidente Ellen Johnson Sirleaf et son successeur élu, comme l'avaient fait l'Union européenne, l'Union africaine (UA), la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et la Mission de l'ONU au Liberia (Minul).

Le second tour, prévu le 7 novembre entre MM. Weah et Boakai, a été reporté sine die par la Cour suprême, qui a enjoint la Commission électorale nationale (NEC) d'examiner d'abord un recours du candidat arrivé troisième, avec 9,6% des voix, Charles Brumskine.

"Aucun groupe d'observateurs accrédité libérien, régional ou international n'a estimé que les diverses anomalies constatées (le 10 octobre) traduisaient des problèmes structurels suffisants pour remettre en cause l'intégrité fondamentale du processus électoral", rappelle l'ambassade américaine.

Elle exhorte "les candidats arrivés en tête, qui ont recueilli à eux deux le soutien de deux tiers des électeurs libériens, à se concentrer sur des échanges constructifs entre eux et avec les électeurs, en vue de leur confrontation au second tour", appelant la NEC à remédier "avant, pendant et après le second tour" aux problèmes d'organisation constatés le 10 octobre.

De son côté, le Sénat libérien a annoncé la création d'une commission pour le règlement rapide du contentieux électoral.

Il s'élève contre toute action "visant à saper la Constitution, créant ainsi les conditions pour l'instauration de structures gouvernementales inconstitutionnelles, comme cela a été le cas pendant les 14 ans de guerre" civile.

L'imbroglio juridico-électoral fait peser des incertitudes sur la première transition démocratique depuis trois générations dans ce petit pays anglophone d'Afrique de l'Ouest, l'un des plus pauvres au monde, ravagé de 1989 à 2003 par l'une des plus atroces guerres civiles du continent, qui a fait quelque 250.000 morts.

Un porte-parole du parti de George Weah, Ansu Suny, a mis en garde contre le risque que sa base, souvent très jeune, ne finisse par s'impatienter face à l'impasse électorale.

"Nous espérons ne pas en arriver au moment où ils commenceront à ne plus écouter" les appels au calme de leur candidat, a déclaré M. Suny dans une interview à l'AFP cette semaine.

M. Brumskine, M. Boakai - qui appuie sa démarche -, ainsi que deux autres candidats malheureux du premier tour ont engagé des discussions pour constituer un front contre George Weah, arrivé largement en tête. M. Brumskine a déjà annoncé son intention de saisir la Cour suprême en cas de décision défavorable de la NEC.

Avec AFP