"Quelles que soient les opinions personnelles, et je sais que les esprits s'échauffent fortement à ce sujet, nous apportons notre soutien absolu au droit de Charlie Hebdo à publier des choses comme cela", a argumenté la porte-parole du département d'Etat Marie Harf interrogée sur la prochaine Une du magazine français.
Ce numéro de Charlie Hebdo, qui paraît mercredi dans plus d'une vingtaine de pays, sera traduit en cinq langues - arabe et turc notamment - et tiré à 3 millions d'exemplaires pour satisfaire les demandes arrivées du monde entier.
A la Une, le prophète Mahomet est croqué vêtu de blanc, la larme à l'oeil, tenant la pancarte "Je suis Charlie", slogan des millions de manifestants qui, en France et à l'étranger, ont défilé pour condamner les attaques qui ont fait 17 morts en trois jours. "Tout est pardonné", titre le journal qui faisait l'objet de menaces récurrentes de la part de groupes islamistes depuis sa première publication en 2006 de caricatures du prophète Mahomet.
"Il y a tout un éventail de facteurs qui entrent en ligne de compte pour décider de publier, qu'il s'agisse de la liberté de la presse ou de la sensibilité religieuse et je sais à quel point c'est important pour beaucoup de gens. (Mais) cela ne justifie jamais la violence ou la haine", a insisté Mme Harf.
"Nous soutenons de manière absolue le droit de ces organisations à publier librement. (...) C'est ce qui se passe dans une démocratie. Point à la ligne", a-t-elle encore martelé.
L'administration américaine n'a pas toujours été aussi favorable à Charlie Hebdo, lorsqu'elle avait critiqué en 2012 une décision de la justice française autorisant la publication de caricatures du prophète Mahomet, en pleine vague, à l'époque, de menaces de violences islamistes contre des intérêts occidentaux.
De fait, aux Etats-Unis, pays de la liberté d'expression totale, critiquer la religion est paradoxalement un quasi tabou.
Mais les attentats contre Charlie Hebdo et contre un supermarché juif à Paris ont soulevé une grande émotion en Amérique où le président Barack Obama et son secrétaire d'Etat John Kerry ont plusieurs fois exprimé leur compassion et solidarité.