Youssef Hossam, l'espoir du tennis africain cherche un sponsor

Youssef Hossam, tennisman égyptien.

Le talent ne fait pas tout: à 19 ans, l'Egyptien Youssef Hossam, plus grand espoir du tennis africain, peine à trouver un sponsor à sa mesure pour soutenir une carrière prometteuse, lui qui pointe dans le top 30 mondial des joueurs de moins de 20 ans.

Sur le campus luxuriant de l'Université Misr pour les Sciences et la Technologie (MUST), situé dans la banlieue cairote cossue du Six-Octobre, Youssef Hossam et son grand frère Karim Hossam passent plus de temps sur le terrain de tennis que sur les bancs de la faculté de langues où ils étudient l'anglais.

"C'est la filière la moins contraignante en termes de présence obligatoire", confesse malicieusement le cadet dans un sourire.

"Un bras de feu"

Dans un pays où le football est roi, le choix du tennis n'est pas anodin. "J'aimais l'idée de jouer dans une discipline peu pratiquée par les autres", s'enorgueillit ce jeune Cairote qui rêve de briller au prestigieux tournoi londonien de Wimbledon.

Aujourd'hui 334e au classement général ATP et 22e chez les moins de 20 ans, Hossam possède chez les jeunes un palmarès déjà bien fourni, avec une triple couronne de champion d'Afrique junior conquises de 2014 à 2016.

Il a logiquement multiplié les victoires dans son pays, l'Egypte, et s'est bien souvent retrouvé seul représentant du continent africain dans des compétitions internationales.

C'est en suivant très tôt les traces de son grand frère que Youssef Hossam a nourri l'envie de taper dans la petite balle jaune. "Roger Federer est mon idole mais mon plus grand modèle reste mon frère", confie-t-il après que ce dernier l'a fait transpirer à échanger des balles sur la terre battue, où le soleil de septembre tape fort.

Son potentiel de champion a rapidement sauté aux yeux de l'aîné. Depuis, l'élève a dépassé le maître, s'entraînant régulièrement notamment en France.

Voyant en lui un Roger Federer en puissance, Kerei Abakar, son coach à l'Académie Mouratoglou de Nice, évoque "une technique au-dessus de la moyenne, un bras de feu". "Un potentiel exceptionnel ne fait pas un joueur de tennis", nuance-t-il toutefois avant d'ajouter: "Il manque à Youssef Hossam une structure, un cadre et des sponsors à la hauteur de son niveau".

Soutien insuffisant

Son partenaire occasionnel de tennis, Marius Barzu, l'entraîneur roumain de l'université MUST, partage cet engouement mêlé de réserve. "Il y a trois ans, je le battais 6-0 6-0. Aujourd'hui, c'est l'inverse. Son évolution est impressionnante", estime cet ancien athlète.

"Il pourrait être dans le top 100 des meilleurs joueurs du monde mais le défi pour lui aujourd'hui, c'estde trouver le soutien financier qui fera de lui une star", juge-il.

La marque japonaise Yonex lui fournit seulement vêtements et équipement. "Nous cherchons des jeunes avec un gros potentiel. Lorsque nous avons suggéré Youssef Hossam, Yonex nous a tout de suite suivis", se félicite Sherif Nafie, représentant de la marque en Egypte.

D'une maturité surprenante, Youssef Hossam ne se plaint pas. C'est un privilégié. Vivant dans un quartier chic de la capitale égyptienne, il roule en Jaguar et mène sa carrière grâce aux deniers de son père, propriétaire d'une grande entreprise d'ameublement.

Toute la fortune d'une famille bourgeoise du Caire ne peut cependant rivaliser face aux mastodontes du tennis international. Il faut un entraîneur renommé à plein temps, un médecin personnel, un coach sportif. Toute une équipe qui entoure l'athlète pour "que les choses se passent comme il faut", dixit l'intéressé.

La Fédération nationale de tennis aide "comme elle peut. Les choses se sont améliorées récemment mais ce n'est évidemment pas suffisant", ajoute-t-il. En 2016, il a obtenu entre 5.000 et 6.000 livres égyptiennes. Soit quelque 300 euros.

Youssef Hossam garde espoir. "Je suis optimiste, les choses se passent bien pour moi", se console-t-il.

Objectif : se hisser dans le Top 100 mondial. Une prouesse jamais réalisée par un Egyptien depuis Ismaïl el-Shafei dans les années 1970.

Avec AFP