L'opposant Zephirin Diabré nommé ministre de la réconciliation au Faso

Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition, a rencontré Rock Kaboré sur la nouvelle constitution, à Ouagadougou, au Burkina, le 19 avril 2018.

L’ex-chef de file de l’opposition et 3e de la présidentielle de novembre au Burkina Faso, Zephirin Diabré, a été nommé ministre de la Réconciliation nationale, a annoncé dimanche à la télévision nationale le secrétaire général du gouvernement Stéphane Sanou, alors que les principaux ministères restent inchangés.

"Est nommé ministre d’Etat, ministre auprès du président du Faso, chargé de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale M. Zephirin Diabré", a déclaré M. Sanou, dévoilant la composition du nouveau gouvernement formé par le Premier ministre Christophe Joseph Marie Dabiré reconduit à son poste la semaine dernière.

Chef de file de l’opposition depuis 2012, M. Diabré, 2e de la présidentielle 2015, est arrivé en troisième position de la présidentielle de novembre avec 12,46% des voix, derrière le candidat de l’ex-parti au pouvoir, le congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Eddie Komboïgo (15,48%).

Le Président Roch Kaboré, réélu dès le premier tour avec 57,74%, avait promis de travailler à "la réconciliation nationale".

"Je lancerai, dans les mois à venir, de larges consultations afin de définir les voies d’une réconciliation nationale véritable", avait-il annoncé fin décembre au moment de son investiture, précisant vouloir prendre en compte les "crimes de sang, économiques et politiques qui, de 1960 à nos jours, continuent d’envenimer les rapports entre les Burkinabé".

Le Premier ministre Christophe Joseph Marie Dabiré a été reconduit à la tête du gouvernement qui compte 32 membres (25 ministres et sept ministres délégués), tout comme une vingtaine de ministres dont Cherif Sy (Défense), Ousseni Compaoré (Intérieur), Alpha Barry (Affaires étrangères), Lassane Kaboré (Économie).

Jusque-là vice-président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, parti présidentiel), l’ancien ministre de la Sécurité (Janvier 2018-Janvier 2019), Clément Sawadogo, retrouve le ministère de l’administration territoriale qu’il avait déjà occupé (janvier 2006-janvier 2011) sous le régime de Blaise Compaoré, chassé du Pouvoir au cours d’une insurrection populaire en 2014, après 27 ans de règne.

Ancien vice-président de l’assemblée nationale, et président d’un petit parti ayant soutenu la candidature de Kaboré, Me Benewende Stanislas Sankara fait son entrée au gouvernement, au ministère de l’Urbanisme, de l’habitat et de la ville.

"Christophe Dabiré a formé ce soir l'équipe gouvernementale chargée de mettre en œuvre mes engagements devant la Nation. Tous mes vœux de succès à chacun et à chacune des membres du nouvel exécutif", a écrit sur tweeter le président Kaboré, après l’annonce du nouveau gouvernement.

Pays sahélien pauvre et enclavé de 20,5 millions d'habitants, le Burkina Faso est en proie depuis 2015 à des attaques jihadistes récurrentes qui ont fait au moins 1.200 morts et un million de déplacés internes.

Des pans entiers du territoire échappent au contrôle de l'Etat, et n’ont pu participer à la présidentielle et législatives du 22 novembre en raison de l’insécurité.

Aux élections législatives, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, parti présidentiel) a obtenu 56 sièges sur 127 à l'Assemblée nationale, qu'il contrôle avec des petits partis alliés.