Le pays d'Afrique australe a tenu en août des élections générales dans un contexte politique tendu, l'opposition dénonçant une répression croissante du régime. Le scrutin, dont la régularité a été mise en doute, a offert un second mandat au président Emmerson Mnangagwa, 81 ans, ainsi que 177 sièges parlementaires sur 280 à son parti, la Zanu-PF.
Il manque 10 sièges au parti au pouvoir depuis l'indépendance en 1980 pour jouir de la majorité qualifiée au Parlement (les deux tiers des sièges) et ainsi être libre de réviser les lois du pays. Mais avec des élections partielles samedi pour remplacer neuf députés déchus dans des circonstances troubles, et sans aucun opposant autorisé dans la course, peu de choses semblent désormais pouvoir arrêter la Zanu-PF. D'autant qu'une autre série de 18 opposants ont perdu leur siège parlementaire le mois dernier, par la répétition d'un ubuesque stratagème.
Le premier parti d'opposition, la Coalition des citoyens pour le changement (CCC) a bien tenté devant la justice de contester le renvoi de ses députés et leur disqualification au scrutin de samedi, en vain.
Lire aussi : Élections au Zimbabwe: le pouvoir cherche la majorité des deux tiers au Parlement"Les bureaux de vote ont ouvert à 07H00 (05H00 GMT) dans les secteurs où se tiennent des élections partielles et les électeurs font déjà la queue pour déposer leur bulletin", a déclaré dans la matinée la commission électorale sur X.
Sauf dans la circonscription de Mabvuku, dans la banlieue de Harare. Ici, les bureaux de vote sont restés portes closes: la commission électorale a déclaré la veille le candidat de la Zanu-PF vainqueur, faute de concurrent.
"On se réveille le matin et on nous dit que finalement il n'y a pas de vote. Il n'y a pas d'Etat de droit", fulmine Tinashe Uriga, un riverain qui soutient la CCC.
Dans la rue, une poignée de manifestants ont réclamé qu'on leur "rende nos députés élus".
"Prêts à nous réélire"
"Ils nous ont empêchés de nous présenter à la dernière minute", enrage le candidat de la CCC interdit de scrutin, Munyaradzi Kufahakutizwi. "Les gens étaient prêts à nous réélire", poursuit-il en dénonçant une justice et une commission électorale à la botte du pouvoir.
Jeudi et vendredi, un tribunal d'Harare a ordonné que les neuf candidats de l'opposition soient exclus de ces élections partielles.
Un certain Sengezo Tshabangu, qui se présente comme le "secrétaire général par intérim" de la CCC mais que le parti d'opposition qualifie d'"imposteur", avait saisi la justice dans ce sens.
En octobre, le même homme avait informé le président du Parlement que 14 députés de l'opposition, ayant quitté la CCC, ne pouvaient pas conserver leur siège. Le parti avait démenti mais le président du Parlement, membre de la Zanu-PF, avait déclaré les postes vacants, ouvrant la voie au scrutin de samedi.
Selon les observateurs, ces élections partielles sans opposant sont une manœuvre du régime pour étendre son contrôle, avec en ligne de mire une modification de la Constitution qui permettrait à Mnangagwa de prolonger son règne en abattant la limite de deux mandats présidentiels.