Zuma en mauvaise posture après la publication d'un rapport sur la corruption

Le président sud-africain Jacob Zuma, 11 octobre 2016.

Le président sud-africain Jacob Zuma et des ministres ont été mis en cause mercredi dans un rapport officiel dénonçant de possibles "crimes" de corruption au sommet de l'Etat, une pierre supplémentaire dans le jardin du chef de l'Etat de plus en plus contesté y compris dans son camp.

Ce document très attendu en Afrique du Sud, rédigé par Thuli Madonsela, alors médiatrice de la République, a été publié sur ordre de la justice. Il pointe de lourds soupçons de collusion entre l'exécutif et la richissime famille d'hommes d'affaires Gupta.

Ces derniers sont soupçonnés d'influencer le président Zuma au point de lui imposer la nomination de certains ministres pour favoriser leurs intérêts.

Le rapport dénonce par exemple les "sept visites" de David van Rooyen, alors député du parti au pouvoir, à la résidence des Gupta à Johannesburg, y compris la veille de sa nomination surprise au ministère des Finances en décembre 2015.

"Cette coïncidence est une grande source d'inquiétude", note le document de 355 pages, intitulé "La Prise de contrôle de l'Etat" et illustré d'une main qui tire les ficelles du drapeau sud-africain.

Le rapport revient également sur des affirmations du vice-ministre des Finances Mcebisi Jonas, qui a assuré publiquement en mars que les Gupta en personne lui avaient proposé de prendre le portefeuille du Trésor, quelques mois plus tôt.

"Il semble qu'il n'y ait eu aucune enquête de l'exécutif (...) sur les allégations de M. Jonas", critique la médiatrice.

D'autres ministres, soupçonnés proches des Gupta, sont aussi épinglés, notamment l'actuel titulaire du portefeuille des Mines, Mosebenzi Zwane.

Ce dernier avait effectué fin 2015 un voyage privé en Suisse, aux côtés des Gupta, pour négocier le rachat d'une mine de charbon en Afrique du Sud par la sulfureuse famille d'origine indienne. Le déplacement est qualifié, dans le rapport, de "contraire aux règles" d'éthique.

Dans ses recommandations, la médiatrice de la République, chargée du bon usage des deniers publics, appelle le parquet et l'unité d'élite de la police sud-africaine à étudier les "problèmes identifiés dans ce rapport où il semble que des crimes ont été commis".

Avec AFP